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Interviews

Feu! Chatterton – Interview

Feu! Chatterton vient de commencer une immense tournée. Avec le beau succès critique et public de « Ici le jour (a tout enseveli) », une solide réputation sur scène, Feu ! Chatterton confirme en ce début d’année tout le bien que l’on pensait d’eux. Rencontre.

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Quel beau succès pour vous !

Oui, nous sommes les premiers surpris. Au fur et à mesure de l’avancement de la tournée, les salles sont de plus en plus grandes et de plus en plus remplies. A Paris bien-sûr mais aussi en province : 1000 personnes à Rouen, 1500 à Nantes.

Vous avez un public très large.

Oui c’est vrai. Ça, c’est évidemment une autre bonne surprise. Lorsque je regarde au premier rang, je vois des jeunes de 15 ans et des couples qui ont 40, 50 ans. On est ravi de ça même si on n’a pas trop d’explication. Ils viennent en famille ou entre potes. Je pense que chacun peut se retrouver dans nos textes. « A l’aube » traite du passage de l’adolescence à l’âge adulte. On parle aussi de sujets assez universels et puis notre musique, nos textes sont inspirés de certains monuments de la chanson française.

Oui, la scène jazz-rock, Nino Ferrer, Nougaro.

Ce sont toutes les irrégularités, les aspérités du son des consoles analogiques, des micros d’époque, qu’on cherchait et qu’on a un peu poussé sur le disque. C’est pour ça qu’on a travaillé avec Samy Osta qui avait déjà réalisé l’album de La Femme et de Rover. On a enregistré en Suède parce qu’on a trouvé un studio avec une énorme console avec un son très particulier. C’est sur cette console qu’à été enregistré « Heroes » de Bowie… Il y a quelque chose de très chaud dans les basses / batterie qu’on adore. On aime effectivement le son de cette époque sans en faire une fixette. On est également très sensible au son de choses plus contemporaines comme les claviers de Boards Of Canada ou d’Aphex Twin.

Comment avez-vous rencontré Samy Osta ?

On l’a rencontré à l’occasion du premier EP. On n’ avait jamais fait de studio avant le premier EP, uniquement du live dans plein de bar de Paris. Les premiers essais n’ont pas été concluants, on trouvait le résultat assez lisse. A un moment on nous a dit : « Bon merde les gars mais qu’est ce que vous voulez ». Nous ce qu’on aimait c’était le son de La Femme. Coup de bol, notre manager connaissait Samy Osta. Il est venu nous voir en live. Ça a collé tout de suite et on a enregistré l’EP dans la foulée.

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On peut dire que vous avez mis le temps entre la sortie de l’EP et l’album. Est-ce par souci de minutie, de perfection, de procrastination, marketing ?

L’EP est sorti en septembre 2014 soit un an avant l’album. Ça peut paraître long mais il y a eu un deuxième EP entre les deux qui est passé inaperçu un peu par volonté de notre part. C’était la chanson « Bic Médium » qui figure sur l’album mais dans l’édition limitée. On voulait une sortie un peu particulière pour cette chanson qui dure 15 minutes et qu’on joue en live. On l’a sortie en avril 2015 à 300 exemplaires. Mine de rien cette sortie nous a demandé un boulot fou parce qu’on a voulu enregistrer ce titre d’une traite et tous ensemble en live. On a aussi passé pas mal de temps à l’écrire. Ensuite, il nous a fallu une semaine de résidence rien que pour travailler ce titre puis une semaine pour l’enregistrer. On a fait trente prises et on a retenu la dernière. L’autre raison c’est qu’on a fait beaucoup de concerts en 2014-2015. Si ça n’avait tenu qu’à nous, l’album on l’aurait sorti 6 mois plus tard tellement on est perfectionniste…

Ça veut dire que vous essayez d’être particulièrement fidèle au disque en live ?

Non. La scène c’est avant tout un moment de liberté. On a déjà changé plein de choses depuis l’enregistrement du disque. Par exemple, sur certaines chansons, on a rajouté des parties pour le live : pour « Malinche », pour « Boeing ». Ça ne sont pas des choses qu’on rajoute en résidence après en avoir discuté pendant des heures, c’est beaucoup plus spontané. 

Quelle chance pour vous d’avoir un chanteur comme Arthur.

Oui. On se connaît tous depuis le lycée. Arthur écrivait des textes. Quand on a commencé Arthur n’avait aucune technique. Il ne savait pas poser sa voix. Il n’était pas en rythme. Ça n’était pas juste… Ça n’était pas du tout un chanteur. Au fur et à mesure on a poussé le truc parce qu’il y avait vraiment quelque chose avec ses textes et avec son grain de voix. On a beaucoup évolué. Au départ on mélangeait de la funk, du jazz avec du slam par dessus… Et puis, on est allé vers plus de simplicité. Arthur a trouvé plus de respiration.

Vous avez glissé un instru « Le long du Léthé » au milieu du disque qui donne un peu de légèreté. Pourquoi ?

A l’écoute de l’album, il est vrai qu’il y a ce coté dramatique qui peut ressortir. Le but était effectivement d’y mettre un peu légèreté. Il y avait aussi la volonté de découper le disque en deux. On avait ce morceau, cette espèce d’interlude. On l’a mis sans trop se poser de questions.

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Lorsque je vous ai vus sur scène vous avez commencé le concert par une reprise des Polyphonic Size, « Je t’ai toujours aimé » Y a t-il une raison particulière ?

C’est une chanson qu’on a beaucoup jouée en 2014, parfois en ouverture. Il n’y a pas vraiment de sens à ouvrir un concert par une reprise. Il y a eu un débat au sein du groupe de commencer un concert par une reprise assez calme. Quand on faisait ça en première partie de Fauve, on nous disait « Hé mais les gars faut commencer avec un truc qui envoie ! ». Maintenant, sur nos dates, on aime bien la faire. Du début de la tournée jusqu’au 13 novembre, on la pas joué. Ça ne faisait pas partie du set. Le 13 novembre on était à Saint-Malo et le lendemain à Saint-Lô. On s’est posé la question de savoir si il fallait jouer. Et évidemment qu’il fallait jouer. Le public est venu en masse. C’était extraordinaire. On s’est demandé ce qu’on allait jouer et dans quel ordre. C’était compliqué de faire « Ophélie » en entrée de concert comme on le faisait avant. C’était trop brutal et ça raconte des choses qu’on pouvait pas trop dire à ce moment-là. Est revenue comme ça la volonté de mettre la chanson « Je t’ai toujours aimé » qui porte un très beau message.

Vous avez dit dans la presse qu’Internet n’était pas trop votre univers.

Disons qu’on n’a pas cette culture de se mettre en avant sur Facebook, d’aller chercher des fans alors qu’il y a d’autres groupes qui le font plus naturellement comme Fauve qui a créé une communauté énorme autour d’eux grâce aux réseaux sociaux sans doute parce qu’ils ont peut-être un public plus jeune et plus utilisateur des réseaux. Nous, pendant longtemps sur Internet, il n’ y avait quasiment rien sur nous parce qu’on était un peu frileux du truc. Dire qu’on a bouffé une entrecôte la veille, on voit pas trop l’intérêt. Par contre, pour Internet, on tient vraiment à répondre nous-même aux messages, d’être avec les gens. C’est très important de répondre à des messages Facebook ou Twitter, de voir dans quel état d’esprit sont les gens avec nous. On est très sensibles à ça.

On sent que vous souhaitez contrôler au maximum ce que vous faites. Les deux EP ont été autoproduits. Vous y avez pensé pour l’album ?

Ça n’est pas vraiment la même démarche. Quand on a voulu faire notre disque, on savait qu’il fallait de l’argent pour le faire. On voulait aller dans un beau studio et avoir le temps de le faire, les bons instruments, le bon matos, les bons mix, bref, on voulait que tout soit parfait. Ça n’est pas une question de vouloir tout contrôler c’est juste d’avoir la maîtrise de l’objet artistique. Ça c’est hyper important. La maîtrise d’autres choses, elle peut être déléguée. On a retardé la signature sur un label car on a gagné des concours qui nous ont permis de produire nous-mêmes nos EP et finalement on s’est créé par nous-mêmes notre identité artistique notamment aussi avec notre réalisateur Samy Osta. On a signé avec Universal une semaine ou deux avant de rentrer en studio. Tout était déjà booké. Toutes les maquettes étaient faites, les chansons composées. Le label c’est un soutien logistique, artistique également. 

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