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Alberta Cross – Interview

Dans ce contexte difficile de l’après attentat à Paris, Petter Stakee (Alberta Cross) s’est néanmoins assis avec nous avant son showcase à Gibert Joseph. Nous avons discuté créativité, tournées et déménagements, et de son expérience, gagnée au fil de ses pérégrinations.

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Merci d’avoir pris le temps pour faire cette interview, dans ce contexte un peu difficile, pour la musique notamment .

J’ai vraiment été choqué en apprenant la nouvelle. Apparemment Hot Chip a maintenu son concert il y a quelques jours, ils ont raison, il faut continuer !

As-tu déjà annulé un concert, et selon quelles circonstances le ferais-tu ?

On évite au maximum d’annuler, sauf si je n’ai plus de voix, par exemple ! Si on devait jouer le lendemain d’un drame comme celui-ci, on annulerait, bien évidemment, ne serait-ce que par respect pour les personnes impliquées.

Est ce que tu as des souvenirs très forts de tournées ?

Certains musiciens ont fini par se battre une fois ou deux… mais rien de très fou. Des fois sur des tournées, aux USA, on a pu rouler jusqu’à 15 heures de suite, pour finalement jouer devant 20 personnes, ca te fait devenir un peu fou. Mon frère est venu à Glasgow récemment, c’était bien cool. Mais ce qui se passe en tournée reste en tournée, comme on dit.

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Est ce que tu arrives quand même à profiter ?

On a tellement tourné pour les derniers albums, surtout pour le premier. Bien sur quand tu passes trop de temps sur la route tu n’arrives plus à profiter autant que tu le devrais. Il faut trouver la bonne balance, ce qui s’apprend avec un peu d’expérience. J’ai fait un bon break des tournée, je suis maintenant vraiment prêt à repartir. Jouer le même album pendant deux ans est assez fou, il y a un moment tu veux jouer de nouvelles chansons, chambouler un peu tout ça.

Peux-tu devenir lassé de tes propres morceaux ?

Oui carrément, mais plus tu joues, plus tu apprends et plus tu peux te permettre de chambouler ta setlist. Pour des sessions comme celle-ci, je m’accorde différement, je joue des versions, ca aide à garder un côté frais. Si tu es dans un groupe avec plusieurs musiciens, il est aussi plus facile de tenter des nouvelles choses, avec des instruments différents.

Peux-tu nous parler de ton parcours qui t’as conduit à Brooklyn, venant de Stockholm ?

J’ai grandi là bas, dans une petite ville, puis vécu à Londres pendant 9 ans. J’écoutais pas mal de musique britannique à l’époque, ma soeur vivait là bas, mon frère ensuite… on a commencé à jouer de la musique de plus en plus souvent et j’ai fini par rester. Pour New-York, on avait un deal avec un label pour un nouvel album, on voulait faire plus de tournées aux USA, ca semblait logique d’aller là bas mais on a fini par y vivre. L’Europe me manque beaucoup, mais je viens ici assez souvent donc c’est supportable !

Est-ce que l’endroit où tu es influence l’écriture ?

Pour cet album j’ai du apprendre un peu à écrire sans avis extérieur. Pour le dernier album il y avait sans cesse des gens autour de moi qui partageaient leurs opinions. Je ne voulais rien de ça pour celui-ci. Les lieux influencent bien sur, mais c’est surtout les gens que tu rencontres qui te font prendre une direction ou une autre, qui t’inspirent. Je me vois bien venir à Paris pour écrire d’ailleurs.

J’ai vu que vous faisiez beaucoup de ‘jams’ , est ce que ca aide à l’écriture , ou au contraire as tu besoins de calme et concentration ?

Je ne peux pas juste m’asseoir et écrire, c’est impossible de se forcer, ca vient ou ca vient pas. Je veux être tout seul. Ca nous ait arrivé de rester 10 jours dans un studio, à boire du vin et jouer sans cesse, tu obtiens des enregistrements qui durent 40 minutes, mais dont tu ne peux rien tirer au final. L’écriture est très importante pour moi, si j’arrive à écrire un bon morceau je sais que je passerais une bonne journée. Pour ce qui est des jams je pense que ca apporte plus aux arrangements, à la production, mais une fois que tu as fini l’écriture même du morceau.

Est-ce que tu as pensé à changer  de nom ou as tu toujours voulu garder celui d’Alberta Cross, maintenant que tu es tout seul ?

Avec ce nouvel album il y a de plus en plus de vérité dans ce que je fais et compose. Cela fait 8 ans que je suis dans ce projet, il évolue, je ferais sans doute des choses bien différentes mais mes compositions restent Alberta Cross. Tu dois savoir où tu vas. Plus l’art est sincère mieux c’est. Les gens vont toujours vouloir t’orienter vers quoi dire et quoi faire, mais ca ne sert qu’à plomber la créativité. J’ai désormais confiance en les gens avec qui je travaille, j’espère qu’ils seront toujours là pour le prochain album.

 

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