Né de trois jours d’improvisation de Rubin Steiner entouré d’un groupe dans une ferme avant d’être posé pour de bon sur disque, ce premier album de Drame a quelque chose d’enivrant, malgré son titre qui peut sembler anxiogène. Alors oui, l’amateur de pop n’y retrouvera pas ses petits, mais ces morceaux instrumentaux, qui s’étalent parfois sur 12 minutes (« Bugaloo ») ont en eux la force et l’agilité pour à la fois couper la lumière (c’est sombre, on rigole à moitié quoi) et en même temps embraser le dancefloor. Pour ça, rien de mieux qu’un groupe équipé d’un v8 : ça ronronne, y a de la reprise et de la souplesse, incarnée par ces congas frénétiques, ces claviers hypnotiques et le caractère bien trempé de cette batterie implacable. Et en concentrant ses forces sur huit titres, le groupe ne se disperse pas : Drame a de l’endurance à revendre (double LP, morceaux au-dessus des 5 minutes quasiment tout le temps, avec même le titre éponyme qui culmine à 10 minutes ou presque, quand “Bugaloo” atteint les 12 minutes de folie). Le quintet n’hésite pas à distribuer des paires de baffes (« Genuflexion », “Amibes”, porté par une ligne de basse qui électrise toute personne normalement constituée), mais se livre aussi à des exercices des plus intrigants (“Canicule”, “Serpentine”), avant de boucler le disque sur le même passage musical que “Yoko”. Loin de tourner en rond, le groupe incite à remettre le disque sur la platine. Une vraie belle surprise, et dont l’effet est amené à durer.
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