Lui chez Cave Singers ou Murder City Devils, elle au sein de Black Mountain ou Lightning Dust, Derek Fudesco et Amber Webber ont pour habitude d’emprunter des chemins plutôt accidentés. Le caractère assez sage de leur projet commun Kodiak Deathbeds, fondé sur un dialogue guitare-voix primitif, a donc de quoi surprendre. Sur ce premier album introspectif qu’ils confectionnaient depuis plusieurs années en marge de leurs formations habituelles, les deux complices se livrent à un véritable éloge de la lenteur. Au menu, une demi-heure de berceuses acoustiques en trompe-l’œil, solitaires et faussement tranquilles, où la guitare majoritairement acoustique du résident de Seattle enveloppe le vibrato captivant de sa confidente de Vancouver. En fonction des dispositions dans lesquelles nous l’entreprenons, l’écoute de ce premier essai parvient à mettre en lumière la cohérence de l’exercice autant qu’elle peut faire apparaître les limites d’une certaine linéarité. Pourtant, lorsqu’Amber Webber décide de rompre la monotonie qui rôde pour s’autoriser un peu plus d’expressivité, le groupe touche pleinement au but (« Gemini »). Quelque part entre Alela Diane et Mazzy Star, le country-folk dépouillé de Kodiak Deathbeds apporte donc une preuve supplémentaire des vertus de la simplicité.