Encore et toujours, mes soirées me ramènent à l’iBoat. Le bateau bordelais accueillait cette fois-ci Kid Francescoli, auteur du très beau “With Julia”, chroniqué lors de sa sortie numérique il y a un an. L’album connaît enfin une sortie physique, et semble avoir touché bien plus de monde ainsi. C’est dans une cale déjà bien remplie que je descends pour entendre Cat’s Eyes.
Attention déjà à ne pas confondre : il ne s’agit pas du duo de Faris Badwan et Rachel Zeffira, mais du projet électro de la flûtiste (flûte traversière pour être précis) de Wax Tailor. C’est un peu réducteur énoncé comme ça, car la jeune femme a sa propre carrière depuis quelques temps, mais toujours est-il que la scénographie est soignée, avec des lumières japonaises et un ordinateur pour tout ce qui a trait au son (ou presque – elle a en effet son instrument). Sauf qu’au bout de quelques minutes, plus de son. Plus rien, si ce n’est sa flûte, avec laquelle la jeune femme comble l’absence. Elle se débrouille plutôt bien dans l’exercice, avant que le set ne reprenne son cours normal. Je ne suis pas forcément friand de ce mélange musique électronique – trip-hop – flûte, mais elle y met beaucoup d’entrain. Je décroche toutefois, l’occasion de remonter à la surface quelques minutes.
Le moment de redescendre arrive vite, car Kid Francescoli a drainé du monde, et j’assure ma place au premier rang au plus vite. Ce n’était pas forcément la meilleure idée qui soit, car je me suis pris dans les mollets des basses (un peu trop) appuyées pendant toute l’heure de concert. Matthieu Hocine (claviers et autres) à droite, Julia sur la gauche (chant et quelques claviers) et un batteur forment le trio, qui démarre fort sur “Blow Up” et “Does She ?”, ce qui a le mérite de faire succomber la foule, et prouve aussi que le trio est bien en place. Le côté vaporeux des chansons sur disque, ce petit parfum de nostalgie est ici forcément moins subtil, les morceaux prenant une dimension à la fois plus entraînante (Julia danse souvent) et plus charnelle. Le dernier album est forcément mis très à l’honneur dans la setlist, du final “Disco Queen” / “Prince Vince” (très réussis dans leur interprétation), avec quelques rares incartades (“One Moment”) dans le pan le plus ancient de la discographie du Kid.
Chaque titre fait mouche, tombant en effet dans l’oreille d’un public conquis, qui trouve en Matthieu Hocine un interlocuteur généreux, avec ce qu’il faut d’humour pour que le premier rang soit très chaud, et que la fin du concert soit le théâtre d’une avalanche de selfies, une fois le musicien prêt à assurer le stand merchandising. Les meilleurs souvenirs de la soirée, très réussie donc, restent néanmoins ce très beau “My Baby” en rappel, la mélancolie attrape-cœur de “I Don’t Know Why” ou “Boom Boom #2”, ou encore la complicité du trio.