C’est dans cette belle salle des 3 pierrots de Saint-Cloud, à l’architecture post-communiste un peu surannée mais qui possède néanmoins un certain charme, que Jeanne Cherhal se produisait le 3 mars dernier. Après des mois de tournée et un heureux événement, elle repart donc sur les routes jusqu’à la fin du mois de mai. Ô bonheur.
Dans la salle bien pleine, Jeanne Cherhal attaque ce concert avec « J’ai faim » le premier titre d’ »Histoire de J » son magnifique dernier album. Elle prendra, comme à son habitude, des postures assez cocasses ce soir-là, enjambant son banc de piano comme un cheval d’arçons : une jambe en avant, un jambe en arrière, tentative de grand écart. On en est pas encore à Little Richard ou Jerry Lee Lewis mais on s’en approche.
De petites misères viendront ponctuer la soirée : un pied de micro bringuebalant obligeant Jeanne Cherhal à se mettre à genou pour terminer la chanson ainsi qu’un piano qui fera un beau bastringue à mi-parcours. Trêve de petits tracas, la grande Jeanne prendra tout ça à rebrousse poil en nous faisant bien rire ce soir-là avec ses chorégraphies très hippiques, ses tenues de scène très bling bling avec notamment ce soir-là une robe à paillettes. « J’ai mis une petite robe très simple, sans prétention ce soir… »
Plaisanteries, moments burlesques mais aussi plus graves. Sans anicroche, des morceaux plus légers comme « Cheval de feu » ou encore l’amusante réécriture d’un titre de Colette Renard intitulée « Les nuits d’une demoiselle 2.0 » côtoient des moments plus personnels où l’émotion se fait sentir comme « Comme je t’attends », « Petite fleur » ou encore sur « Le tissu », « Noxolo », chansons engagées « casses gueules » sur la condition des femmes, mais qui grâce une écriture sans emphase nous atteint droit au coeur. Et comme ça, avec une certaine distance, dans un incessant va et vient, on sera touché, ému, on rira beaucoup aussi ce soir-là. Les trois musiciens hirsutes qui l’accompagnent auront joué eux aussi la carte des années 70’s, des solos maitrisés jusqu’aux coupes de cheveux façon footballeurs allemands et rouflaquettes.
Arrivée à la fin du concert, Jeanne nous dit que tous les soirs elle fait une nouvelle reprise. Elle reprendra « Bahia » de Sanson, l’une de ses égéries, embrassera ses piquants musiciens, fera quelques pas chassés en robe pailletée avant de d’éclipser sur un coté de la scène. « Au revoir Clouclou ». C’est d’un chic.