Et de quatre. On retrouve cette fois La Maison Tellier chez le très éclectique label At(H)ome (de Lofofora à Clarika c’est dire). Trois ans après le très remarqué « L’Art de la fugue », les frères Tellier reviennent avec « Beauté pour tous » : un disque hédonique s’il en est.
On les connaissait friands de reprises (RATM, Dominique A), magnant la langue de Shakespeare avec brio (« Mount Forever », « Three Days in Amsterdam » et j’en passe) mais, « Beauté pour tous » est un disque plus resserré, entièrement chanté en français et sensiblement beaucoup plus écrit que les précédents. Ainsi, en ces temps de disette politique « Un bon français » sonne le tocsin d’une France suspicieuse, apeurée avec la distance nécessaire pour que le titre ne tombe dans le cliché de la chanson engagée racoleuse. « L’Exposition Universelle » sommet de l’album, beauté d’épure et tout à la fois somptueusement arrangée est l’une des plus jolies chansons qui m’ait été donné d’entendre depuis longtemps.
Musicalement, là aussi, les motifs country folk et les apports de cuivres, marque de fabrique du groupe, sont toujours présents. On appréciera particulièrement ici le travail sur les voix, les choeurs ainsi que la belle palette des instruments à cordes : les arpèges drakiens côtoient le jeu saccadé de Howe Gelb jusqu’aux envolées progressives d’un Gilmour sur le très freudien « La Maison de nos pères ». « Beauté pour tous », quatrième souffle des Tellier, laisse encore augurer de beaux voyages, des Appalaches jusqu’en pays cauchoix.