Anna Calvi et son premier album nous avait séduit en 2011. On attendait donc impatiemment le retour de celle qui fut, avant même la sortie de son premier disque, qualifiée d’enfant prodige. « One Breath » est le fruit de plusieurs années de travail durant lequelles la chanteuse, terrée dans une chambre, y a produit des compositions très personnelles et matures.
« One Breath » produit par John Congleton, sonne comme une sorte de délivrance : le chant d’Anna Calvi est libéré, beaucoup plus puissant. On avait en effet pu entendre son incroyable palette sur « Desire » ou sa reprise de « Djezebel » mais ici, alors qu’elle chantait avec une certaine retenue entre les envolées vocales qui la caractérisent, la gorge profonde d’Anna joue davantage avec les extrêmes, les effets de style, susurre façon Charlotte Gainsbourg dans « Lemon Incest » ou s’encanaille avec des interjections suggestives telle une « Womenizer ». « One Breath » fait la part belle aux élans mélodiques et à un certain lyrisme qu’Anna Calvi avait déjà employé. « Suddenly » l’un des sommets du disque en est le parfait exemple : Presley y cotoie Lift to Experience.
Néanmoins, on trouvera toujours cette espèce de rugosité, d’âpreté chez Calvi qui en irrite certains et qui est accentuée ici par de lourdes basses : « Eliza » est un bulldozer roulant sur de la dentelle, une mélodie à gros sabots mais, tellement libératoire… tandis que les essais de débridage de Calvi sont eux moins réussis. Lorsqu’elle s’essaie à incorporer des éléments électroniques « Piece by Piece » ou à destructurer ses chansons « Love of My Life », on préfère de loin St Vincent. L’effet « pompier » façon Muse ou Lynch n’est également pas très loin à certains endroits comme sur « Cry » ou sur l’ampoulé « One Breath ». Résultat des courses, c’est lors qu’Anna Calvi fait du Anna Calvi qu’elle brille…