On ne peut pas dire qu’il chôme, Sylvain Chauveau. Après avoir récemment lancé en streaming une composition d’une durée de sept ans, « You will leave no mark on the winter snow » (on en parlait ici), Chauveau se livre à l’exercice du remix : de ses propres compositions (sous son nom propre) et de celles de ses amis et proches. On retrouve donc avec plaisir le post rock d’Arca et ses samples, agrémentés de parasitage. Mais les surprises sont plutôt du côté des titres chantés, tels l’ouverture avec le remix d’ »Heart Beating » d’Agoria où la voix gouailleuse presque house d’Agoria ferraille avec des cordes sombres à souhait. Alliage étrange a priori mais tout à fait cohérent si on prête attention aux paroles.
Idem le remix folk de Paul Duncan, dans un registre proche de celui de John Frusciante, où il est difficile de lire la patte du remixeur si ce n’est peut-être dans la longue tenue de certaines finales, résonnant comme un clavier et/ou des silences aménagés.
« Dernière Etape Avant Le Silence » est un Chauveau pur jus, proche de Yann Tiersen version tintinnabulante à la Arvo Pärt, dans laquelle certaines cordes paraissent faire du surplace et des trous semblent être creusés. Certaines parties semblent comme légèrement gommées, frottées avant séchage, un peu comme des peintures de Richter. Le remix de « At the close of everyday » joue des focales et rappelle les chemins de traverse empruntés par Sylvain Chauveau sur son très bon album « Singular Forms ». Le titre « A_ » est de la même facture : tout en irisations, grésillements, jeux sur les voix, guitares en délai et parsemé de quelques ruptures bien senties.
Enfin sur « Grey » (la couleur favorite de Chauveau) de StretchAndRelax, un piano fantôme égrène quelques notes sur une bande passée à l’envers et sonnant comme un orgue de barbarie pendant que Sylvain Chauveau concurrence sérieusement David Sylvian au chant.
Vingt-cinq minutes seulement certes mais agréablement remplies et riches pour qui voudra bien tendre l’oreille.