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Concerts

Liturgy, The Soft Moon et Godflesh à la Villette Sonique

Après un week-end printanier passé à attraper des coups de soleil et de bruit sur la pelouse de la Villette – notamment avec les revenants de Mudhoney, plus vivants que jamais –, la soirée au Cabaret Sauvage permet de renouer avec l’obscurité, que ce soit avec le black metal de Liturgy, la coldwave des gamins de The Soft Moon, ou encore le puissant rock indus de Godflesh.

C’est à Hunter Hunt-Hendrix que revient la lourde tâche d’ouvrir le bal ce soir. Le frêle philosophe de Liturgy n’est pas réputé pour sa présence scénique, et, pour ne rien arranger, il vient de perdre son batteur, l’imposant Greg Fox, le Musclor chevelu qui s’échauffait sur scène avant de se lancer dans un set athlétique, au cours duquel il piquait immanquablement la vedette au chanteur.

Malgré ce handicap de taille, Hunter ne se laisse pas démonter. Fox a été remplacé par un MacBook qui se chargera de faire la boîte à rythmes, tandis que les morceaux sont réaménagés de façon à tendre vers le minimalisme, s’éloignant de la trame noisy initiale. 

Liturgy 

Passé le désarçonnement initial – ce n’est clairement pas un concert de black metal ; d’ailleurs, certains chevelus du public, estimant que tout ça manque de growl, n’hésitent pas à hurler à la place de Hendrix –, on se laisse par moments absorber dans cette répétition insistante de trames mélodiques, sans jamais se laisser convaincre par ce qui apparaît clairement comme une formule de transition.

 

C’est au tour des jolis cœurs de The Soft Moon de pointer le bout de leurs mèches. Ces emokids refoulés ont bien révisé leur répertoire new wave, et nous présentent une impeccable version de The Cure époque « Disintegration » croisé avec quelques autres spectres de la même décennie, le tout avec un son lisse comme du marbre.

Comme cover band, The Soft Moon aurait fait un tabac. Pour ceux qui espéraient trouver un peu de nouveauté quelque part au milieu des revivals qui encombrent la pop, mieux vaut aller prendre l’air en attendant que ça passe.

The Soft Moon

Godflesh vient remettre un peu d’ordre dans la chronologie. Plutôt que de fantasmer des années 80 mythifiées, le duo a contribué à les forger, à leur donner leur son propre, faisant émerger le grindcore puis le rock indus. Et malgré leur âge respectable, les vieux titres du duo n’ont pas pris une ride. « Like Rats » prend lentement possession de l’espace, jusqu’à asphyxier chaque parcelle du Cabaret Sauvage de ses sonorités poisseuses. C’est lourd et précis, professionnel sans manquer d’âme.

Godflesh

Revenu en 2010 après un long hiatus, Godflesh aurait pu tomber dans la caricature, singeant ses tubes devant un fanclub nostalgique – mais le duo paraît bien trop intègre pour jouer le jeu de la reformation opportuniste. Justin Broadrick, absorbé dans ses riffs de plomb, apparaît comme un rouage dans la mécanique implacable de ces sons métalliques ; il exécute, obéit à la discipline de fer que dictent ces accords graves et insistants.

Godflesh fin


« Crush My Soul », assène Broadrick dans l’un des derniers morceaux du set, décrivant par là le sentiment qu’on a d’avoir été broyé par cette machine de guerre impitoyable. 

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