Quinze ans après leur formation, dix ans après leur premier album (« Reckless Engineers, 2002), le duo anglais, poursuit son chemin, aux confins d’une pop confidentielle et d’expérimentations sonores toujours porteuses d’émotion.
Après le magistral « In All the Empty Houses » (2009), pourtant, ce quatre titres des Anglais, assez calme, semblerait presque timoré au premier abord, un peu sage, mais contient quelques raisons d’y jeter une oreille : oscillant toujours entre l’ether et la densité planante, sur ces quelques Fragments, le duo (mais à géométrie variable) rappellerait presque parfois Boards of Canada (sur « Monument »), dans l’attention apportée aux textures sonores, et à la dérive mélodique plutôt qu’aux virages brusques. D’où cette impression de torpeur subtilement contaminée par des créatures sonores aux aguets, qui tantôt font entendre des grondements menaçants (la progression, épique, de « Skeletons »), tantôt restent tapis dans l’ombre tandis que les voix parcourent des sentiers déjà balisés (« Ideas As Opiates », reprise de Tears for Fears à la sauce Low – lenteur minimaliste et voix qui se chevauchent).
On est toujours du côté du rêve, d’une certaine mélancolie, et si le groupe échappe au côté clinique et froid de certaines de leurs influences, c’est aussi grâce à la voix douce et rassurante du chanteur (celle de Bob Holton ou de Rob Glover) qui évoquerait assez vite celle de Bobby Wratten (des Field Mice et maintenant Trembling Blue Stars), mais comme posée sur un sol meuble et instable.
Un EP tranquille, comme une courte rêverie en plein jour, qui donnera un aperçu de l’atmosphère tantôt soyeuse, tantôt plus rugueuse, du groupe – et d’une tendance moins pop du groupe, de plus en plus orientée vers l’onirisme.