XX avait fait le buzz avec une formule anémique, Wu Lyf avec une formule touffue. Alt-J affolera t-il la toile dans les mêmes proportions avec son premier album, aboutissement d’une flopée de singles impeccables et autodesignés (« Fitzpleasure », « Breezeblocks », « Matilda », « Tessellate ») ? Le groupe débarque comme une bande de gamins peu farouches maniant aussi bien la dérision, les raccourcis claviers que les réseaux sociaux pour orchestrer sa propre gloire (jusqu’au titre prémonitoire de cet album ?). « An Awesome Wave » ne ressemble pas à l’insipide plat du jour que l’on nous sert et ressert à longueur de semaines. Pour une fois, ni folk policé, ni pop indie prétentieuse, ni électro raplapla faussement hype. Voici un disque syncrétique qui aime les collages et les mélanges comme savent les faire Tunng ou Animal Collective, avec toutefois, une once de préciosité chère à The Antlers. Des références qui ne semblent pas encombrer le groupe appliqué à dessiner les contours d’une pop sinueuse -mais concise- évitant soigneusement les digressions brouillonnes ou cérébrales. Il y a deux choses qui frappent dans ce disque. D’abord la voix chewing-gum du chanteur Joe Newman, entre canard étranglé et crooner suave. Un timbre qui fait d’emblée office de signature sonore. Ensuite, il y a ces textures élégantes enchevêtrées de façon subtile : rythmiques tribales, effluves reggae, mélodies orientales, soubresauts électro, ambiances post–rock, balades douceâtres tout en pluie fine de piano, de cordes et d’arpèges de guitare… Alternant tensions et cajoleries, gérant les climats avec brio entre les morceaux et en leur sein même, Alt-J ne se montre jamais à court d’idées ni prévisible. Une qualité suffisamment rare pour être signalée. Alors, vibe, vague ou futur ras de marée ?