Voilà bien longtemps que je n’avais pas écouté de nouveaux morceaux des Waterboys ; pour être sincère, je n’avais rien écouté du groupe depuis sa reformation, en 2000, ni suivi avec beaucoup d’intérêt les méandres de la la carrière solo de Mike Scott, son leader (qui d’ailleurs ne fait aucune différence entre sa carrière solo et son groupe).
Bref, j’avais quelque appréhension à retrouver le groupe de « Fisherman’s Blues » qui plus est dans un exercice qui ne laisse – a priori – pas grand place à la fantaisie : l’adaptation, en musique, de poèmes (en l’occurrence des poèmes de Yeats). Mais voilà, la surprise est plutôt bonne : Mike Scott n’a rien perdu de son talent de mélodiste ni de son secret pour composer des chansons à la fois lyriques et dignes ; il ne craint pas non plus d’emmener les poèmes de Yeats sur des terrains plus rock (« The Hosting of the Shee », « A Full Moon in March ») ou mélangeant ce rock avec l’énergie virevoltante du folk irlandais (« Mad As the Mist and Snow ») – mais n’est-ce pas là sa marque de fabrique ? La production de l’album reste également caractéristique de celle des Waterboys : un vernis synthétique vient couvrir le mélange d’instruments acoustiques (violons, guitares, flûte traversière…) et électroniques (claviers, faux cuivres, …). Sa voix est toujours aussi expressive mais Mike Scott invite, pour enrichir son chant, la chanteuse irlandaise Katie Kim qui lui donne la réplique à la perfection sur des titres comme le très pop « Politics » ou « Sweet Dancer ». A la fois pop, rock, folk, parfois avec des accents cabaret (« News For The Delphic Oracle »), le pari de Mike Scott et de ses Waterboys d’offrir des costumes élégants et souples aux poèmes de Yeats est plutôt réussi. Si vous voulez vous en convaincre, écoutez les (à peine) deux minutes du parfait « Before The World Was Made ».