Comme les précédentes, l’édition 2011 du festival Eldorado proposait quelques belles découvertes aux côtés d’artistes un peu plus connus. Le mardi 6 septembre, les Anglais de The Leisure Society – déjà loués à plusieurs reprises sur ce site – étaient précédés sur la scène idoine du Café de la danse par deux groupes assez confidentiels, Lightning Dust et Laura Stevenson and the Cans.
Le premier est à la base un duo canadien formé d’Amber Webber et de Joshua Wells, également membres du groupe Black Mountain. Contrairement à cette autre formation, Lightning Dust (ici augmenté de trois musiciens) préfère l’acoustique à l’électrique, avec violon et violoncelle. Il en résulte des ballades folk belles, sombres, assez austères, un peu plus pop et énergiques parfois. Le côté psyché seventies de Black Mountain ressurgit dans les sonorités parfois étranges du clavier électrique, qui permet au groupe de se distinguer dans un créneau assez encombré ces temps-ci.
Venus de New York, Laura Stevenson and the Cans leur succèdent, dans un style davantage indie rock à guitares (deux). Chez eux, l’originalité tient à la présence d’un accordéoniste qui joue sur tous les morceaux, chose assez rare dans le cas d’une formation électrique. Pour le reste, les morceaux sont assez classiques, bien écrits sans être exceptionnels, l’atout restant la voix de la jeune Laura, gracile même quand elle la force. L’album « Sit Resist » (leur deuxième) est plutôt recommandable.
Avec The Leisure Society, on entre clairement dans une autre dimension, que ce soit au niveau du songwriting, des arrangements ou même de l’interprétation. Même les chaussures sont classes : talons hauts sophistiqués pour la flûtiste Helen Whitaker, richelieux vintage pour les hommes. Bénéficiant d’un son à la hauteur de leurs ambitions, les faux jumeaux à mèche sur l’œil Nick Hemming (chant, guitare, ukulele…), auteur de tous les morceaux, et Christian Hardy (claviers, choeurs…) parviennent avec leurs talentueux acolytes (basse, batterie, violon, flûte, glockenspiel… mais pas de violoncelle, ils ne sont “que” six) à retrouver la subtilité des disques tout en musclant légèrement le propos. Après Gary Numan et les Beatles, les Londoniens ont choisi Paul Simon pour leur habituelle reprise ; leur version énergique de “Me and Julio Down by the Schoolyard” s’intègre parfaitement à leur set. Si le groupe joue l’essentiel du nouvel album, “Into the Murky Water”, il n’oublie pas pour autant les morceaux les plus crève-coeur du précédent. Chaudement accueillis par un public qu’on aurait aimé un peu plus fourni, les musiciens reviennent de bonne grâce pour deux rappels, certains restant ensuite dans les parages pour tenir le stand de merchandising ou discuter un peu avec leurs fans. On espère les revoir vite par ici.