DA BRASILIANS – Da Brasilians
(Underdog Records) [site] – acheter ce disque
De façon un peu innocente, je pensais que Da Brasilians était encore un groupe tout frais sorti de sa cave de répétition, avec sous le bras un disque pour couronner ces sueurs glanées par un exercice répété. Mais en fait, il n’en est rien, et il est clair que ces Français ont su prendre le temps d’éclore, puisque entre la première partie de Papas Fritas en 1999 et ce disque, pfiou, 11 ans ont filé. Vous vous souvenez de ce que vous écoutiez à cette époque ?
Ce quintet n’a pas ce problème. C’est dans des racines profondes d’outre-Atlantique que Da Brasilians tire son inspiration. A l’écoute des onze titres de l’album, la localisation, même sans GPS, vous amènera à pointer du doigt la côt Ouest de nos (presque) voisins américains. L’ensemble du disque est très soft, très smooth, avec des mélodies majoritairement calmes, des harmonies et une production parfaitement ciselée, qui rend les chansons chatoyantes, dans lesquelles on sentirait presque les embruns et le soleil qui baigne la Californie. Et derrière des titres évidents (« About You », « Revolution » ou encore « Janis » ont les gènes de potentiels tubes pop, légers et pourtant suffisamment marquants pour qu’on les retienne), il y a des détours qui méritent qu’on s’y attarde et qu’on y revienne. Il y a la luxuriance mélancolique de « The Arrows » où l’on peut entendre – pour inscrire le groupe parmi ses contemporains – les Fleet Foxes, avec harmonies et ambiance pastorale de bon aloi, les percussions de « Ocean » ou plus généralement, cette impression que tout a été pensé et repensé. Ceci n’est pas un boulet pour autant, n’est pas un frein à la vie de l’album, qui est rythmé, varié et assume jusqu’au bout ses ambitions. Sur ce produit policé d’un groupe qui sait mettre en beauté ce qu’il a à dire, les esprits chagrins pourraient regretter une petite tendance à l’emphase, un petit côté grandiloquent, mais par un sens de l’équilibre très encourageant pour la suite, Da Brasilians ne tombe jamais du mauvais côté. La voix est fragile ? Mais elle ne rompt jamais, et transmet la mélancolie et l’émotion des chansons (« Please Stay »). Les arrangements sont trop présents ? Pourtant, ils sont joliment variés et assurent une belle tenue, quelques incartades bienvenues (country-pop tranquille sur « I’ll Be Blue », la pop légèrement big band de « Janis »). La maturation dont ce disque a bénéficié l’a laissé impeccable, comme un joyau brillant, mais avec ses aspérités et son caractère. Et c’est comme ça qu’il faut l’apprécier ce disque : l’oeuvre de jeunes hommes qui ont pris leur temps et fait un album tel qu’ils l’imaginaient.
Mickaël Choisi
Shadows
About You
Revolution
The Arrows
Ocean
Take Me Away
Please Stay
Greetings From America
I’ll Be Blue
Janis
Million Miles