LAURA MARLING – I Speak Because I Can
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La jeune femme, après quelques chansons interprétées avec son groupe, se retrouve seule avec sa guitare devant les milliers de personnes du Zénith. Un Anglais, tout proche de moi dans la fosse, téléphone à un copain et lui déclare trouver cette chanteuse inconnue plutôt mignonne… Après plusieurs morceaux, le temps de rentrer dans son univers, on l’admirera encore davantage pour ses qualités de musicienne, son audace et sa maturité : Laura Marling n’a alors que 19 ans et fait la première partie de la tournée européenne de Neil Young.
A peine un an plus tard, la chanteuse sort son second album solo et tout comme lors du concert, il faut prendre le temps de découvrir les lieux : le folk de la Britannique, curieusement, semble aller puiser ses influences du côté américain (avec, ceci dit, un lyrisme que l’on trouvait par exemple chez les Waterboys). Que les morceaux trouvent leurs racines dans une country teintée de romantisme (bien épaulés par un banjo), dans un folk-pop assez classe ou dans une musique plus décharnée, la jeune femme fait plus que convaincre : si ses chansons d’inspiration country/folk épique sont plutôt sympathiques (à l’image du premier titre, "Devil’s Spoke" ou de "Rambling Man"), on sera plus emballés par ses morceaux aux couleurs pop ou ses ballades intimistes. Dans le premier registre ("Blackberry Stone", "Alpha Swallows", "Hope in the Air"), Laura Marling vise le haut du panier du genre : mélodies et arrangements soyeux qui lorgnent vers une Anna Ternheim, accents empruntés à Harriet Wheeler… Mais c’est dans les ballades intimistes que la chanteuse excelle vraiment : si "Made by Maid" ou "Blackberry Stone" mettent dans le mille, le magnifique "What He Wrote" ne déparerait pas sur les premiers albums de Leonard Cohen… Et ce n’est pas qu’une figure de style ; une mélodie simple et limpide, un texte profond qui fait appel à la mythologie grecque (tout de même !), et cette sensation de ferveur, quasi-religieuse à l’écoute du titre – sans aucun doute le sommet de cet album de folk qui, s’il est plutôt hétéroclite, donne, écoute après écoute, une démonstration du talent de Laura Marling !
Christophe Dufeu
Devil’s Spoke
Made by Maid
Rambling Man
Blackberry Stone
Alpha Shallows
Goodbye England (Covered in Snow)
Hope in the Air
What He Wrote
Darkness Descends
I Speak Because I Can