KURT VILE – Childish Prodigy
(Matador / Beggars) [site] – acheter ce disque
Echappé de la fratrie The War on Drugs, le guitariste Kurt Vile préside seul à sa destinée artistique. Trois albums dans la musette, "Constant Hitmaker", "God Is Saying This to You" et ce "Childish Prodigy", signé chez Matador Records et enregistré avec son backing band The Violators. Droit dans ses boots, la tignasse indisciplinée du hardos babos et la guitare négligemment tenue en bandoulière, le musicien de Philadelphie nous fait le coup du cowboy freak qui nous balance ses chansons foutraques comme un verre de bière à la gueule. Et son numéro ostensiblement je-m’en-foutiste fonctionne à merveille parce que le garçon traversé de fulgurances mélodiques sait torcher des ritournelles aux allures de classiques oubliés. Kurt Vile n’a sans doute pas l’âge de sa voix burinée et ni celui des références auxquelles sa musique fait immédiatement penser mais il en a l’indéniable prestance. Noyés de réverb son chant et sa guitare renvoient à un rock US gonflé de testostérone (Bruce Springsteen, Neil Young), porté aussi sur le beau bizarre (tendance country gothique à la Nick Cave). Entre déferlements électriques et boucles acoustiques, le disque avance par saccades comme un long train de marchandises lourdement chargé. Ce petit côté bringuebalant ne manque pas de charme, au contraire c’est là tout le suc de cette oeuvre aux deux tiers inspirée qui aligne des morceaux de bravoure comme le furieux "Hunchback", l’épique "Freak Train" lancé à toute vapeur avec son saxophone qui déraille ou le nonchalant "Overnite Religion". Quand il empoigne la guitare acoustique, les flammes d’un feu de camp dansent entre les arpèges sur un mode folk psychédélique vaguement inquiétant ("Dead Alive", "Blackberry Song", "Heart Attack"). Ce "prodige juvénile", ironiquement titré, tient alors plus de la prédication ou de la messe noire que du feu de joie.
Luc Taramini
Hunchback
Dead Alive
Overnite Religion
Freak Train
Blackberry Song
Monkey
Heart Attack
Amplifier
Inside Lookin Out
He’s Alright
Goodbye, Freaks