CHICROS, BEACH HOUSE, VETIVER – Concert Au Nouveau Casino, Paris, 19 Août 2009
C’était, paraît-il, le jour le plus chaud de l’année, à Paris du moins. Pour qu’on accepte de s’enfermer dans l’exigu Nouveau Casino, il fallait donc vraiment que la programmation soit à la hauteur. Avec Chicros, Beach House et Vetiver, c’était assurément le cas, et cette affiche excitante sur le papier a tenu ses promesses.
Chicros, les locaux de l’étape, montent sur scène peu après 20 h, devant un public encore clairsemé. La formation est réduite à un trio, sans basse ni batterie. Leur set d’une demi-heure démarre avec "Back in the Wild", perle pop acoustique à la Sneetches qui les a fait connaître il y a quatre ou cinq ans. La suite, tirée du nouvel album multigenres "Radio Transmission", montre la versatilité et la culture musicale d’un groupe toujours aussi attachant, qui mériterait de passer enfin à la vitesse supérieure.
Encore abonné aux premières parties en France (plus pour longtemps, on espère), Beach House a livré un set accablé par la chaleur et certainement réduit d’une ou deux chansons pour cette raison. Longue cheveulure auburn sur veste à pois eighties, Victoria Legrand balaie vite les inquiétudes : ce n’est pas une Lisa Gerrard bis, malgré la raideur rêveuse de sa musique, mais une fille d’abord facile qui plaisante avec son public, avouant utiliser pour la première fois sur scène cet accessoire un peu surprenant, une SERVIETTE. Première surprise, le duo Scally-Legrand est accompagné d’un batteur, ce qui change totalement la dynamique des chansons. On est un peu perplexe sur "You Came to Me", qui n’est pas réellement transfiguré, puis on se convainc du bénéfice. C’est que, deuxième surprise, Beach House rode de nouveaux morceaux à paraître début 2010. La moitié du set est ainsi composée d’inédits dont deux saisissants, "Walk in the Park" et le presque tubesque "Norway". Beach House flirte désormais avec le rock – en concert du moins – et une forme d’optimisme colore ses chansons de teintes moins automnales. Les petits classiques du groupe ne sont pas négligés : le velvetien "Master of None" gagne à la présence d’un vrai batteur et le public crie son enthousiasme devant les fervents "Gila" et "Heart of Chambers" livrés dans des versions puissantes.
Les deux auteurs de ces lignes avouent qu’ils connaissaient mal Vetiver avant cette soirée, bien que le groupe ait désormais une discographie importante. Plus ou moins étiqueté "freak folk" en raison des accointances de son leader Andy Cabic avec le chevelu Devendra Banhart, le groupe propose en fait une musique nettement plus variée, pas forcément d’une immense originalité, mais extrêmement agréable et bien écrite. Entre folk pastoral, rock franc du collier ou plus nébuleux (mais les dérives instrumentales s’arrêtent toujours suffisamment tôt) et pop aux mélodies impeccables, Vetiver livre un concert de haute tenue, émaillé de reprises (dont un morceau de Fleetwood Mac, ex-dinosaure en voie de légitimation chez la nouvelle génération) et de superbes parties de guitare. Bénéficiant d’un son chaleureux et bien équilibré, les chansons addictives de l’excellent nouvel album "Tight Knit" (acheté au stand de merchandising sitôt le concert terminé) prennent sur scène un relief remarquable. Venu sans doute essentiellement pour eux, le public est ravi. On ne serait pas surpris que les très sympathiques Américains jouent dans une salle un peu plus grande la prochaine fois…
Vincent Arquillière et Christophe Despaux.
Photos Vincent Arquillière.