ONEIDA – Paris, Glaz’Art, 14 Août 2009
Je suis en retard au concert, n’arrivant que pour Oneida. Consumériste malgré moi, j’arrive pile à l’heure pour le groupe qui m’intéressait le plus. Pardon Alex Tucker, je n’ai jamais su être ponctuelle.
Un peu déçue que Final Fantasy ait été annulé, je trouve assez vite de quoi me consoler dans les guitares lourdes et denses d’Oneida. Au début, il faut dire que les choses mettent du temps à décoller. Le son est ultra fort (est-ce mon portable qui vibre ? Non, non, tout vibre, c’est Oneida qui joue…) mais on peine un peu à entrer dans ce mélange peu hiérarchisé, où rien ne se détache précisément du reste. Trois personnes au chant pour des voix presque inaudibles qui se fondent dans la masse des guitares ; des morceaux longs qui déboussolent…
C’est normal. Oneida installe petit à petit son arsenal sonore, commence par habituer l’auditeur, puis accélère imperceptiblement le rythme, instaure un peu plus de violence dans les percussions, un peu plus de saccades dans le jeu du clavier… Puis ça y est, après quelques morceaux (dont la plupart tirés de "Rated O"), la masse sonore enveloppe la salle, et il devient presque impossible d’échapper à ce rythme entêtant, à ces effets de distortion et de réverb. Les deux guitares ronflantes se superposent, le clavier scande des rythmes de dancefloor, la batterie est déchaînée et la salle aussi, manifestement. Tout le monde semble pris dans ce processus savamment installé par Oneida : une sorte de machine sonore forte et puissante, qui emporte avec elle tous ceux qui lui prêtent ne serait-ce qu’une oreille.
Vers la fin, les morceaux se font de plus en plus tribaux. Pour le rappel, les membres répètent inlassablement quelques syllabes, sur un mode presque incantatoire. On pense à Animal Collective et puis on ne pense plus à rien, tellement les accords répétitifs, les rythmes hypnotisants font taire tout le reste, nous laissant tout entiers disponibles pour cette architecture sonore envoûtante.
J’en ressors un peu enivrée, comme après un voyage dépaysant, plein de péripéties. Il se passe bien des choses en l’espace de quelques séquences de nuisance sonore sophistiquée.
Catherine Guesde
Photos : Laure Dasinières.
Merci à Adrien.
A lire également, sur Oneida :
la chronique de « Preteen Weaponry » (2009)
la chronique de « Happy New Year » (2007)