LOUDERBACH – Autumn
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Dès la typo de pochette – lettrage gothique, titres à sanglots longs – le doute n’est plus permis, Louderbach ne prône pas la franche rigolade. L’idée est enfoncée par la photo choisie : une femme au visage dérobé allongée dans le foin. Endormie ou déjà cadavre, deux trous rouges au côté ? On réserve notre avis pour la fin de cette chronique.
Faiblement mélodique, "Autumn" est avant tout un disque d’Atmosphère – la majuscule renvoyant à qui l’on sait. La principale qualité de Louderbach est d’outrepasser les limites du genre auquel on pourrait l’assigner, soit du minimal à la fois dark et vocal. Disque buté, obsessionnel, parfois redondant, "Autumn" s’apprivoise peu à peu. "Seems like Static", annonce un morceau ; on croit que rien ne bouge alors que dans les coins la nuit remue. Rythmiques pesantes ou désaxées, claviers tendant vers le sombre ou l’organique, Louderbach peut se voir comme une forme tout à fait marquante de "soul music" moderne et électroïde, cette pierre philosophale jadis recherchée par Depeche Mode et désormais abandonnée au profit d’un avatar télévangélique, ces "sons de l’univers" bien commodes tant ils sont génériques. "Autumn" ne fait heureusement pas dans ce genre de mégalomanie. C’est un disque de chambre, saisi à l’heure du loup quand les cauchemars étreignent même les sans-sommeil. On y trouve à l’œuvre une classique et féconde opposition entre les claviers cold-funk de Troy Pierce et une voix déformée, béante, outrageusement émotionnelle, celle de Gibby Miller dont l’organe au naturel rappelle Ian Curtis et Michael J. Sheehy. Un peu coincé sur "Shine", de la micro-dance molle comme du Notwist, le chanteur donne sa pleine mesure avec "Notes" ou "So This Is Control", beau comme une chanson des Supremes sadisée par Lovecraft. Quelques plages instrumentales montrent que le duo peut rester coi sans perdre de sa superbe : "Nothing More Than a White Poison", curieux métissage entre house et electronic body-music, et surtout "One Hundred Reason", délicate berceuse pour bébé alien finie au couperet.
Tout bien pesé, puits comme pendule, "Autumn" captive et angoisse à la fois. Et si la femme rouge sur la pochette cachait un visage de goule ?
Christophe Despaux
Autumn
Seems Like Static
One Hundred Reasons
Notes
Nothing More Than A White Poison
She
So This Is Control
Sunspots
Shine