IRON AND WINE – Around The Well
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Qu’attendre d’un double album bourré de B-sides, chutes et reprises quand on sait que l’univers de Sam Beam loge tout entier dans ses trois albums studio, dont le chef d’œuvre "The Sheperd’s Dog" paru en 2007 et une poignée d’Ep plutôt classes ? Pas grand-chose d’autre que le simple plaisir de collectionner tout Sam Beam, comme d’autres pourraient collectionner tout Michael Jackson, et ainsi de se comporter en parfait fan transi. A titre personnel, je me méfie toujours un peu de ce genre d’exercice, jadis échaudé par un indigent "Tools in the Dryer" des pourtant très estimables Lambchop. S’il n’est donc pas indispensable, ce double disque roboratif a le mérite de confirmer un parcours sans fautes exécuté depuis une dizaine d’années. Un parcours au cours duquel le barde (barbe) solitaire au son roots et à l’héritage country s’est peu à peu transfiguré en un songwriter international élargissant sa palette sonore sans travestir son timbre de voix velouté et ses arpèges de guitare savants. La première galette nous replonge dans l’univers lo-fi et rural de la période "The Creek Drank the Cradle". Ballades rugueuses accompagnées sans chichis à la six-cordes ou au banjo et éclairées à la chandelle. Une ambiance recueillie quasi crépusculaire suinte de ce disque dépenaillé, illuminé par la très belle mélodie de "The Swans of Swimming".
A la faveur d’une ellipse temporelle, le deuxième chapitre ramène l’auditeur en terrain conquis : le son de "In the Reins" et "The Sheperd’s Dog", soit une production étoffée signée Brian Deck, des mélodies plus pop, l’ajout de musiciens qui font tourner la machine à plein régime. Et là, c’est nettement plus jouissif. Pas au niveau du dernier album officiel mais tout de même suffisamment intéressant pour penser qu’on a affaire à un potentiel album mineur du groupe. Malgré une légère tendance à la logorrhée (fonds de tiroir obligent !), le père Beam nous décoche encore de fulgurantes mélodies dont il a le secret comme "Communions Cups And Someone’s Coat", "Belated Promise Ring" et la très belle "Carried Home" qui toutes auraient bien mérité leur place sur une version Deluxe de "The Sheperd’s Dog". Pas uniquement obnubilé par son fond de commerce, notons aussi qu’Iron And Wine manifeste tout au long de ce disque son goût des reprises personnelles, parfois méconnaissables. Je vous laisse chercher les aiguilles Stereolab, The Flaming Lips, The Postal Service et New Order dans cette meule de foin sonore. Une question me taraude tout de même : Sam Beam est un grand, de la race des Tonny Dekker (Great Lake Swimmers), Mat Brooke (Grand Archives) et Andy Cabic (Vetiver). Fallait-il cette édition pour enfoncer une porte ouverte ?
Luc Taramini
A lire également, sur Iron and Wine :
la chronique de « The Sheperd’s Dog » (2007)
Disque 1
Dearest Forsaken
Morning
Loud As Hope
Peng!33
Sacred Vision
Friends, They Are Jewels
Hickory
Waitin’ For a Superman
Swans and the Swimming
Call Your Boys
Such Great Heights
Disque 2
Communion Cups and Someone’S Coat
Belated Promise Ring
God Made the Automobile
Homeward, These Shoes
Love Vigilantes
Sinning Hands
No Moon
Serpent Charmer
Carried Home
Kingdom of the Animals
Arms of a Thief
The Trapeze Swinger