Trois ans après « Chevrotine », Holden est de retour avec « Fantomatisme ». Un disque gracieux qui reflète l’âme esthète de ses auteurs, Mocke et Armelle Pioline. On s’enfonce dans ce disque comme dans un fauteuil club, un verre à la main, bercés par les alizés de ces mélodies sinueuses, caressés par le velours du chant, chatouillés par des ambiances vaporeuses comme des voiles fins. Sous le soleil du Chili, Holden est allé cultiver son élégance langoureuse sans perdre pied. Explications…
Pourquoi êtes-vous retournés enregistrer au Chili ? Et au-delà de votre histoire avec ce pays, est-ce qu’il influence votre univers artistique ?
On est allés enregistrer là-bas pour les mêmes raisons que les autres albums : notre producteur Señor Coconut habite à Santiago. C’est mieux d’y aller plutôt que de le faire venir en France. Après je ne pense pas que le Chili influence notre musique à part, peut-être, pour la reprise de Violetta Para qu’on a faite sur l’album. En fait, quand on arrive là-bas, on sait déjà ce qu’on va faire.
C’est votre troisième collaboration avec Señor Coconut. Peut-on parler d’une méthode rodée ?
Oui, tout à fait (rires). On se disait avec Mocke que trois albums avec lui c’était un bon chiffre et qu’il fallait peut-être qu’on passe à autre chose dans le futur, ce qu’on va faire d’ailleurs même si je serais prête à en faire d’autres avec Senor Coconut tant c’est une expérience incroyable de travailler avec lui. Donc, oui c’est rodé parce qu’il a compris depuis le premier album ce qu’on a l’intention de faire musicalement. Aujourd’hui, on n’a plus d’explications à se donner. La musique parle d’elle-même. Il y a entre nous une économie de mots qui est très chouette à vivre. Il sait où on veut aller et où on ne veut surtout pas aller. Après c’est vrai que ça devient un truc très confortable et qu’il serait peut-être temps de passer à autre chose.
Sur la relation humaine ou sur la musique ?
Non musicalement. Sur le prochain album j’aimerais me surprendre moi-même sur ce que je serais capable de délivrer comme son. Avec lui, il n’y a plus de surprises à avoir. Il sait comment nous prendre, quels sont nos points forts et nos points faibles… Bref, je suis vraiment heureuse d’avoir rencontré ce type.
Il prend une part active dans votre processus d’écriture ?
Non pas du tout. C’est vraiment notre producteur-arrangeur. On arrive là-bas avec des morceaux archi construits. Parfois, ça lui est arrivé de casser la structure d’un morceau parce que ça nous semblait une bonne idée. Lui, c’est beaucoup plus le travail sur le son, comment un morceau se fabrique dans le spectre sonore.
Le son des guitares sur « Fantomatisme » est plus bucolique, plus ondoyant, comment expliques-tu ce virage en douceur par rapport à « Chevrotine » où les guitares étaient plus abrasives ?
Oui, c’est vrai. En fait, c’est la disto de Mocke qui a pété dans l’avion… Je pense que c’est vachement dû à ce qu’on a écouté ces dernières années. On a mis moins de disques de rock sur la platine. On est allés fouiller dans des vieux trucs country ou des musiques traditionnelles. Je pense que c’est dû à ça. C’est pas l’envie de mettre la disto qui lui manquait c’est juste que quand tu es dans un processus de travail, il y a des évidences et là sortir la disto ça aurait fait tâche. Mais je sens bien que pour le prochain album Mocke va ressortir ses pédales.