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Disques

Juan’ Trip – Fireplace

JUAN TRIP’ – Fireplace
(Modulor – Zebralution / PIAS) [site] – acheter ce disque

TRIP - Fireplace Voilà un bon bout de temps que je n’avais pas été confronté à un tel album. Le précédent album de Juan Trip’, "Consolation", qui sonnait comme les guitares de Link Wray, Duane Eddy ou Dick Dale transposées dans l’hyperespace, avait beaucoup tourné sur nos platines à sa sortie en 2006. Pour ce nouvel album, Juan Trip’ rejoue à l’autiste en composant, enregistrant et produisant la quasi-totalité des titres. Mais là où le dernier album comptait 56 minutes au compteur, nous sommes face à une bestiole de plus de 70 minutes pour "Fireplace", réparties sur 20 titres. Cette longueur, qui correspond anciennement à un double vinyle, rend assez difficile une écoute d’ensemble : on se retrouve un peu démunis face à cette musique majoritairement instrumentale, et quelque peu apeurés par l’ampleur et la complexité du disque. Après en avoir discuté avec des amis partageant la même perplexité que moi quant à l’appréhension de cet album, une solution s’est fait jour, qui semble satisfaisante : découper l’album comme les faces d’un vinyle, et les écouter l’une après l’autre. Cette technique à l’ancienne rend l’album beaucoup plus cohérent et accessible.

La musique de Juan Trip’ ne s’est pas simplifiée depuis l’album précédent, on repart encore une fois dans une plongée en apnée dans les profondeurs psychédéliques. Le spectre d’Hendrix ressurgit à de nombreuses reprises ("I Want to Tell You", "Separated Mind"), tandis que le Pink Floyd de Syd Barrett est évoqué de très belle manière ("Kiss the Phantom" ou "Be My Blue", très inspiré d’"Interstellar Overdrive"). Le musicien parvient à créer par instants de formidables pièces musicales, comme sur "Green and Gold", avec ses cascades de guitares acoustiques et de piano. L’ensemble repose sur des climats oppressants, à cheval entre tradition musicale et volonté de récréer une idée du futur assez rétro-futuriste. Les guitares sonnent comme sorties des albums rockabilly de la fin des années 50 ("I Love You No More"), gorgées de réverbération. Le psychédélisme résonne dans chaque plage de l’album : sur "Fireplace" et sa guitare incandescente proche de John Cippolina, ou sur "She’s on a Trip’" qui en est la parfaite représentation, introduite et clôturée par des synthés vintage et un mellotron évoquant Eno, avec la voix déformée par le phasing, des échos lointains de sitar, pour un morceau onirique et stupéfiant (dans tous les sens du terme). L’ensemble de l’album aurait peut être gagné à plus de concision, certains intermèdes n’étant pas, à mon sens, indispensables ("Red Buddha"). Mais ce voyage aux confins des styles musicaux, ne pouvant dévoiler ses subtilités qu’au prix d’une écoute répétée et attentive, reste malgré tout un des plus passionnants de cette année.

Frédéric Antona

Deprecated Gong
I Love You No More
She’s on a Trip
Green and gold
Fireplace
Custom Ride
66,6 Seconds
Now
Standing in Your Eye
Be My Blue
Florida
Acid Cat
Red Buddha
I Surely Care
Critical Mass Explode
Overby
I Want to Tell You
Kiss the Phantom
You’re Right, Just a Feeling
Separated Mind

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