DAVID VANDERVELDE – Waiting for the Sunrise
(Secretly Canadian / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque
Revoici la plus belle machine à remonter le temps de Secretly Canadian : un an après le miracle de son premier album "The Moonstation House Band", David Vandervelde revient en force avec "Waiting for the Sunrise", album voué tout entier à la lumière des harmonies vocales et des mélodies imparables. Comme dans ce "I Will Be Fine", morceau d’ouverture qui sonne comme un inédit du "Rumours" de Fleetwood Mac, où les pianos s’entremêlent, avec la voix sur laquelle se pose un léger écho, et qui nous replace l’album sur le Sunset Strip de Los Angeles, entre soleil éternel et highways de rêve. Ce titre, ainsi que le très efficace "California Breezes", porté par une partie de guitare fluide et très bien construite, donne de prime abord à l’auditeur le sentiment fallacieux d’un album assez easy-listening, agréable mais pas vraiment indispensable. C’est bien mal connaître le père David, qui nous ressort par la suite les vieux grimoires remplis des recettes de la parfaite pop-song qui sait frapper au cœur. Le ton se durcit légèrement avec "Hit the Road", au rythme lancinant, monolithique, rempli de guitares distordues, sur lequel plane le spectre de Marc Bolan, une des obsessions récurrentes de David Vandervelde. "Someone Like You", chanson mid-tempo qui repose à la fois sur une ligne d’orgue de Hammond B3 et sur un jeu de batterie sautillant et puissant, dévoile une voix légèrement saturée, comme celle de John Lennon sur "Instant Karma !". La deuxième partie du disque révèle des structures musicales plus audacieuses, comme le très hypnotique "Knowledge of Evil", au rythme martelé et enveloppé d’un voile de cordes qui lui confère une très grande richesse harmonique et va largement au-delà de l’exercice de style. On retrouve la tonalité glam-rock du premier album sur "Cryin’ Like The Rain", sonnant à s’y méprendre comme un titre de T. Rex. Tout y est : la voix nasillarde, les cordes qui soutiennent le refrain, les guitares acoustiques qui dégringolent le long du riff électrique, avec un tambourin gorgé d’écho pour nous rappeler la grande époque de la Motown. La ballade "Need for Now" nous rapproche quant à elle de l’univers de Crosby, Stills et Nash, avec ses harmonies aériennes et ses sonorités qui la placent clairement comme la ballade californienne de l’album, transcendée par une merveilleuse partie instrumentale, gorgée d’orgues et de cordes. Les guitares électriques font à nouveau parler la poudre sur l’héroïque "Lying in Bed", très proche de l’univers de Neil Young and The Crazy Horse, par ses sonorités dissonantes et électrisantes. Ici encore, la voix de David, pleine de foi et profondément juste, fait toute la différence. Vous l’avez compris, "Waiting for the Sunrise" est une nouvelle actualisation du rock seventies, comme pouvait l’être le "1972" de Josh Rouse. Mais on ne tombe jamais dans le pastiche de l’âge d’or, grâce au talent de composition certain de son auteur, révélant de grandes chansons qui n’ont pas besoin de références pour exister. Malgré le fait que la surprise du premier album se soit estompée, et la survivance de quelques tics d’écriture, ce nouvel opus révèle un lot de merveilles proprement impressionnantes, tant dans leur structure musicale que dans leur pouvoir d’évocation.
Frédéric Antona
A lire également, sur David Vandervelde :
la chronique de « The Moonstation House Band » (2007)
I Will Be Fine
California Breezes
Hit the Road
Old Turns
Someone Like You
Knowledge of Evil
Cryin’ Like the Rain
Need for Now
Lyin’ in Bed
Waiting for the Sunrise.