THE STRUGGLERS – The Latest Rights
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Les derniers droits mentionnés dans le titre évoquent moins le laminage des libertés civiques par l’administration Bush qu’une revendication solitaire, et sans doute un peu farouche, d’une liberté d’expression, d’un style musical porté de façon singulière ; c’est un peu ça, The Strugglers : un condensé d’americana qui vous rappelle immanquablement quantité d’empreintes, vocales (Michael Stipe) ou instrumentales (Neil Young), mais qui tient farouchement à s’ancrer dans ces canons classiques pour délivrer son petit message personnel. C’est aussi peu prétentieux et bien réalisé que cela, et ça mérite sans doute mieux qu’une attention distraite. Comme sur leur précédent opus, "You Win", les musiciens font assaut d’habileté pour tricoter des arrangements soignés (rhodes et piano, pedal steel, violon et cuivres) à des compositions qui hésitent entre l’ombre et la lumière, et que la voix de Brice Randall Bickford élève avec une sereine assurance. Ni fanfaron ni dépressif, le lyrisme de Bickford véhicule une vision lucide et douce-amère de l’existence, qui assume le passage du temps et les pertes qu’il entraîne. Libre à chacun de s’y retrouver, d’y entendre une part du chant éploré de l’Amérique, de ses "celebrated self-made men", de ses beautés ivres de leur jeunesse, enfin de ses chanteurs qui avancent en aveugles en laissant derrière eux la terre promise, son lait, son miel, et ses rêves de carton-pâte.
David Larre
A lire également, sur The Strugglers :
la chronique de « You Win » (2005)
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