THE MABUSES – Mabused!
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Kim Fahy. Sensation indie d’une époque coincée entre baggy sound et vague noisy, Kim Fahy et ses Mabuses avaient, semble-t-il, disparu après un deuxième album, "The Melbourne Method" (référence au jubilatoire "Arsenic et Vieilles Dentelles") passé beaucoup plus inaperçu. Les quelques nouvelles qu’on avait de Kim, c’était par la bande, celle de Jipé Nataf, l’ex-Innocents, qui l’avait, entre autres, embarqué sur son album solo de 2003, "Plus de sucre".
Du sucre, certes, mais de mille-feuilles de guitares, de mélodies en montagnes russes et de paroles abracadabrantesques de Kim, point. Quatorze ans plus tard, cette réapparition inattendue fait donc plaisir, et ce, foin du suspense, d’autant plus que ce nouvel album est tout simplement brillant. Dès son entame, "Dark Star", Fahy montre qu’il a conservé sa patte si originale, tout en laissant de côté ses guitares superposées – quelque chose comme Johnny Marr en pleine crise d’épilepsie – pour s’adonner à une écriture plus ouvertement pop, plus légère peut-être, mais toujours aussi tarabiscotée. L’art du collage sonore au service du songwriting, et non pas comme une fin en soi – la chanson pop parfaite, Fahy la trouve sans même la chercher, avec l’excellent "Seasider", jubilatoire et efficace comme un Squeeze des débuts. Jamais facile, l’écriture se dévoile peu à peu. Il m’a bien fallu quelques écoutes avant de trouver la première moitié de ce disque tout bonnement irrésistible. Quant à la deuxième moitié, elle emprunte plus volontiers des chemins de traverse, jamais vains, et s’offre quelques recréations, comme "Garden Devils", virgule instrumentale idéale pour sonoriser un film en costumes ou encore la fin (titre caché ?) du dernier titre, "Destination". On sent au final que Kim Fahy et son gang s’amusent beaucoup à concocter, avec une quantité hallucinante d’instruments et de samples, une tambouille tout ce qu’il y a de plus digeste (et ce n’est pas rien au vu des bruits bizarres qui foisonnent sur "Mabused!").
Lointain descendant cosmique du "Sgt. Pepper" des Beatles, "Mabused!" a quelques gènes de sa pochette, portrait trafiqué et loufoque du groupe. Des trous laissent apparaître des bouts du livret, qui, déplié, constitue un bien étrange poster. A l’heure de la dématérialisation galopante de la musique, il est finalement assez convenu de vanter l’objet-disque dès que l’on a droit à un peu mieux qu’un boîtier cristal, mais là, on est vraiment gaté.
Finalement, Andy Partridge peut peut-être continuer à jouer les ermites à Swindon, et Martin Newell persister dans le jardinage et la poésie, la pop s’est (re)trouvé un grand songwriter à l’excentricité parfaitement jouissive.
Guillaume
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