THE DREAMERS – Day For Night
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The Dreamers est le nouveau projet de Kevin Wright qui, au milieu des années quatre-vingts, marqua, le temps d’un album, les glorieuses heures du label El Records, sous le nom Always. Ce disque mythique ouvrit grand les portes à des groupes aujourd’hui incontournables tels que Stereolab, Saint Etienne, The Cardigans, Air ou Beck – mais aussi la scène Shibuya japonaise (Flipper’s Guitar en tête). Depuis, caché sous le pseudonyme de Mr Wright, l’homme a sorti cinq disques qui n’auront pourtant réussi à attirer l’attention que de quelques fans irréductibles. La Twee Pop, sans doute la musique la plus fidèle à l’esprit de la Bossa Nova originelle, a beau réchauffer l’air de ses mélodies euphorisantes, elle glace également parfois de désespoir ses plus valeureux représentants, noyés dans le tourbillon commercial de la production contemporaine. Kevin Wright, sur son petit radeau, continue pourtant de rêver. Accompagné de la chanteuse suédoise Sarah Nyberg Pergament (qu’on a déjà pu entendre dans Action Biker), il a composé un album champêtre et vaporeux, "Day for Night" (titre anglais de "La Nuit américaine" de Truffaut), à savourer couché dans un parc, un chapeau de paille négligemment posé sur le visage. En écoutant par exemple "Petit Nuage", comptine auréolée de mandoline et interprétée dans un français délicieusement maladroit, ou "Out of this World", digne des premiers classiques de Leonard Cohen. Les dix chansons, tour à tour interprétées par Kevin ou Sarah, enchaînent merveilleusement la douceur, le sucre et la mélancolie. La production élégante et minimale ravira les amateurs de la pop sixties et ses descendants (Camera Obscura, Belle and Sebastian), mais aussi de pop scandinave contemporaine (Club 8 ou encore Kings of Convenience). Confondant le jour et la nuit, nos frêles rêveurs rêvent de Caetano Veloso ("A Place I Know"), de Françoise Hardy ("All Across the City"), de Nico ("Michael") ou encore de Joao Gilberto ("Out of this World"). Des rêveries inquiètes où domine l’incertitude, mais des rêves éveillés tout de même, où la féérie transcende divinement le réel.
Christophe Patris
One Day in the Woods
Day for Night
Petit Nuage
Piccadilly Night Bus
A Place I Know
So Near So Far
Michael
Out of this World
All Across the City
Goodnight Farewell my Friend