Après des années à officier tantôt seul, tantôt en groupe sous l’étiquette de Encre, Yann Tambour s’est lancé dans un nouveau projet solo : Thee, Stranded Horse. Celui-ci est né de la découverte de la kora, instrument traditionnel africain qu’il a rapidement apprivoisé pour jouer des ballades acoustiques méditatives et apaisées. Rencontre avec un garçon charmant au Point Ephémère, dans la fragile lumière de mars.
Comment passe t-on d’un univers sombre et orchestré à celui-ci, très dépouillé et acoustique ?
On bouge à la campagne (rires). J’ai une vie qui a pas mal changé depuis que je suis parti de Paris et du coup, ça correspond à ce projet. Ce qui teintait Encre, c’était quelque chose d’assez urbain associé à Paris. Derrière ce nouveau projet transparaissent pas mal de choses que je retrouve dans mon environnement actuel à la campagne.
Depuis combien de temps joues-tu de la kora ?
Ça fait combien de temps que j’en joue… 3 ans. Je l’ai achetée à Berlin, il y a quelques années. J’ai des bases de guitare classique qui font que je n’ai pas eu trop de mal à m’initier à cet instrument. J’ai juste adapté mon jeu. Je n’en joue pas de manière conventionnelle même si j’ai des notions du contexte dans lequel on pratique cet instrument. Disons que quand j’ai vu cet instrument, je me suis naïvement dit qu’il était fait pour moi et donc j’ai essayé de l’aborder de manière tout aussi naïve.
Est-ce que la découverte de cet instrument procède d’un goût particulier pour la musique africaine traditionnelle ?
Non, c’est l’inverse, le moment où j’ai découvert l’instrument a généré une phase de découverte de la musique africaine et par extension des choses vers lesquelles je ne serais pas allé naturellement. Sinon, pour en revenir à la pratique de l’instrument, elle a été facilitée par ma façon de jouer de la guitare classique : je suis un scotché de la main gauche, j’aime bien que les choses restent dans un même contexte harmonique. Du coup, j’ai davantage développé une dextérité de la main droite que j’ai pu facilement transposer à la kora. En définitive, c’est un jeu de deux mains droites, assez rythmique, qui semblait particulièrement me convenir.
As-tu pensé d’abord à un album instrumental ou très vite se sont imposées des compositions kora/chant ?
J’ai fait un EP instrumental à la kora (Encre à la kora, ndlr) sur un label canadien. Par contre, c’était dans la perspective Encre, c’est-à-dire très séquencé, à base de boucles, de collages, etc. C’était une époque justement où je ne maîtrisais pas assez l’instrument et où j’avais encore besoin de me faire assister techniquement.
Est-ce que ça représente un effort particulier de jouer de la kora et de chanter en même temps ?
Non, j’ai beaucoup tourné dans cette formule. Quasiment 3 mois de tournée au total sur 2 ans, peut-être plus qu’avec Encre d’ailleurs. C’était une manière pour moi de mûrir les morceaux pour l’album. J’avais fait un 45 tours qui ne m’avait pas totalement satisfait et j’avais besoin de roder les morceaux sur scène. Donc, j’ai volontairement beaucoup joué. J’ai même réussi à faire des dates en tête d’affiche grâce à ma notoriété avec Encre. J’ai tourné un peu partout en Europe…