FUJIYA & MIYAGI – Transparent Things
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Amateurs de bizarreries, Fujiya & Miyagi est pour vous. D’abord, et comme leur nom ne le laisse pas franchement supposer, il s’agit d’un trio anglais (de Brighton) dont les membres, piètres footballeurs, auraient sympathisé sur le banc des remplaçants le dimanche matin. Ensuite, ce qu’on nous présente comme leur premier album, et qui sort en France ces jours-ci, date en fait de l’année dernière et n’est pas vraiment leur premier album (ils avaient sorti en 2003 "Electro Karaoke in the Negative Style", épuisé mais qu’on peut écouter sur leur site). Enfin, "Transparent Things" est en réalité la compilation de trois singles 25 cm (format quelque peu désuet à l’heure du numérique), auxquels a été adjointe une poignée de nouveaux morceaux pour atteindre la durée adéquate. Vu ces prémices, on ne s’étonnera donc pas de trouver ici des titres de chansons aussi absurdes que "Collarbone" ("clavicule"), "Photocopier", "Cassettesingle" ou "Reeboks in Heaven".
Et la musique, dans tout ça ? Pour aller vite, c’est une sorte de mix entre le groove funky des Stone Roses période "Fool’s Gold", les (bons) morceaux d’Underworld et, surtout, les rythmiques inflexibles à l’allemande. Le groupe a d’ailleurs joué à la même affiche que Damo Suzuki (membre historique de Can), qui ne tarit pas d’éloges sur eux, et un rédacteur du site Pitchfork a écrit que Fujiya & Miyagi avaient réussi l’exploit de rendre le krautrock fun, ce qui est une assez bonne formule. James Murphy (DFA, LCD Soundsystem) et Tiga sont fans, évidemment. Bref, top credibility et hype en construction, ce qui ne doit pas détourner de l’essentiel : ces jeunes Anglais sont bons, très bons. Si les ingrédients ne sont pas tous de la première fraîcheur (batterie métronomique, basse caoutchouc, synthés Kraftwerk/Bowie/Eno et textes susurrés plutôt que vraiment chantés), les recettes sont variées et les plats toujours réussis, mariant la science sonore de Tarwater et l’efficacité dance-floor de !!!.
On finira peut-être par se lasser au bout de trois ou quatre albums du même tonneau (les formes circulaires dont ils ornent la plupart de leurs pochettes laissent craindre qu’ils tournent vite en rond), mais pour l’instant la musique de F&M s’avère furieusement addictive. Vikash Dhorasoo l’avait déjà prouvé : ceux qui réchauffent le banc de touche pendant les matchs ne sont pas forcément les moins doués.
Vincent Arquillière
Ankle Injuries
Collarbone
Photocopier
Conductor 71
Transparent Things
Sucker Punch
In One Ear & Out the Other
Cassettesingle
Cylinders
Reeboks in Heaven