LOVE IS ALL – Nine Times That Same Song
(Capitol / EMI) [site] – acheter ce disque
Au lycée, j’avais un copain fan de hard rock. C’était à Thionville, il ne fallait pas faire le difficile. Un beau jour de l’an 1988, nous décidâmes de nous faire écouter mutuellement notre disque préféré du moment. Je lui fis donc écouter "Substance" de Joy Division. En échange, lui me fit écouter un Iron Maiden bien trempé. Ce fut magique : chacun détestait le disque préféré de l’autre mais nous étions d’accord sur un point. Pour moi, Iron Maiden c’était neuf fois la même chanson. Pour lui, Joy Division c’était neuf fois la même chanson itou. Un beau moment d’amitié adolescente.
"Neuf fois la même chanson", c’est aussi ce que l’on s’entend dire intérieurement quand on lit le titre du premier album des Suédois Love Is All. A peine le temps de philosopher là-dessus que, dès les premières secondes, ça démarre sur les chapeaux de roue : on est ballotté entre une guitare-hachoir, une basse mélodieuse ultra présente, un batteur qu’a pas peur de faire tch-tch-tch et un saxo qui enrobe le tout. Cet ordre de bataille, ça me rappelle quelque chose, mais quoi ? Ce n’est qu’en écoutant frénétiquement le huitième morceau ("Spinning and Scratching", le bien nommé) et en relisant le titre du premier ("Talk Talk Talk Talk") que… mais c’est bien sûr. Il y a ici tout le piment du premier album des Psychedelic Furs. Sauf que Josephine Clausson n’a pas vraiment la même voix que celle de Richard Butler. Oh Joséphine, ta voix est néanmoins tout aussi troublante que celle de Richard : là où le chant du Butler fleurait bon la vodka, la tienne colle telle une Chupa-Chups (avec une lame de rasoir dedans). La comparaison avec les Psychedelic Furs est à prendre comme un énorme compliment de ma part, on fait les comparaisons que l’on peut quand on a l’âge d’avoir été lycéen en 1988. Mais que cette comparaison ne trompe personne : Love Is All propose une musique, une dynamique, des mélodies absolument ancrées dans les années 2000. On ne remerciera jamais assez Franz Ferdinand, que l’on apprécie ou non leurs chemises à rayures et leurs franges, ou les Strokes, que l’on apprécie ou non leurs converses et leurs bouclettes, d’avoir amené dans leur sillage des groupes à guitares qui pétillent. "Fresh and Young" comme scandé sur "Ageing Had Never Been His Friend". Sinon, les amis, à cette heure-ci, on serait en train de bailler en écoutant vaguement les derniers disques de Beck, le Belmondo de l’indé US.
"Neuf fois la même chanson" ? Erreur car, après deux premiers morceaux vite expédiés dans les jambes, Love Is All propose "Turn the Radio off", chanson magique que n’aurait pas reniée Drugstore. A cet instant, la guitare de Nicholaus Sparding dessine des étoiles, le batteur Markus Görsch joue allongé sur le dos pour mieux les regarder, Frederik Erikson extrait des bouquets de roses de son saxophone et Josephine, oh Josephine, s’il te plaît n’arrête pas de chanter ce morceau. Ecoutez ce titre au réveil et soyez assurés de tomber amoureux(se) dans la journée.
mr modular
Talk Talk Talk
Ageing Had Never Been His Friend
Turn the Radio off
Used Goods
Busy Doing Nothing
Make Out Fall out Make Up
Felt Tip
Spinning & Scratching
Turn the TV off
Trying Too Hard