KIMYA DAWSON – Remember That I Love You
(K Record/ Differ-Ant) [site] – acheter ce disque
Malgré ses 34 ans, Kimya Dawson s’évertue à jouer les Peter Pan au féminin de la maison K Records en composant d’une voix juvénile des comptines d’enfant comme d’autres noircissent les pages de leur journal intime.
Son credo à Kimya ce n’est pas la maturation lente des idées, ni le besoin de moyens illimités pour faire de la musique, non, elle empoigne sa guitare et hop, là voilà qui vous déverse ce qu’elle a sur le cœur avec les moyens du bord. Ce parti pris lo-fi n’a rien d’étonnant venant de cette ex-reine de l’antifolk qui officia au sein des Moldy Peaches, groupe new-yorkais loufoque plus porté sur le délire que sur la précision musicale. Alors que son comparse de l’époque, Adam Green s’est progressivement affranchi de l’étiquette underground pour aller vers une pop plus ambitieuse, Kimya semble toujours attachée à cette esthétique "cheap" quitte à tourner en rond. Un peu trop d’ailleurs, car "Remember That I Love You", son troisième album solo, lasse rapidement avec ses mélodies répétitives, ses tempos empressés et ses arrangements de fortune. Ce que l’on pardonne facilement à Daniel Johnston, on le supporte difficilement chez Kimya Dawson. Peut-être parce qu’elle n’a pas la même sensibilité d’écorché vif, ni le même talent mélodique venu d’ailleurs. Peut-être aussi parce qu’elle a la tentation de trop dire au détriment de la musique : ce flot de paroles continu posé sur un canevas sans relief finit par créer un décalage agaçant. Pourtant tout n’est pas noir dans ce disque, non, la mélodie touchante de "My Mom" fait mouche tout comme le titre "France", en neuvième position, qui affiche une profondeur musicale jusque-là bien absente, sur laquelle plane l’ombre de David-Ivar Herman Düne. Il y a encore "12/26" et ses chœurs plus appliqués avant de terminer sur un titre "pot-pourri" où la jeune femme chante des extraits de ses airs favoris : "On the Road Again" de Willie Nelson, "One" de Metallica, "Every Day is a Winding Road" de Sheryl Crow, etc. Après une grosse demi-heure, Kimya tire le rideau sur cette pirouette prouvant qu’elle sait aussi faire du sample vocal sans machine. "Remember That I love You" est juste le disque de trop alors qu’il aurait fallu amorcer un tournant. Mais Kimya a-t-elle seulement envie de grandir et de quitter sa chambre ?
Luc Taramini
Tire Swing
My Mom
Loose Lips
Caving in
Better Weather
Underground
I Like Giants
The Competition
France
I Miss You
12/26
My Rollercoaster