UN HOMME ET UNE FEMME PROJECT – Alamera
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Produire un rock électrique et romantique en français est un exercice de funambule. Un Homme et une Femme Project n’évitent pas quelques mouvements de balancier mais réussissent à ne pas se casser la gueule ; sûrement parce qu’ils trouvent un certain équilibre avec leurs guitares tranchantes qui puisent autant dans la pop que chez Sonic Youth ou Ride. Basse et batterie suivent, en rangs serrés, d’une efficacité redoutable – parfois aux aguets, souvent toutes griffes dehors. Les instruments, dans cette configuration, font l’effet d’un café bien corsé et se savourent à leur juste valeur – la fin de "Mon Seul Amour" avec son petit côté Strokes est assez remarquable à ce titre. Quelques claviers élégants viennent de temps à autre renforcer les troupes, guidées par la voix de Franck Travert qui emprunte autant au lyrisme de Bertrand Cantat qu’à Dominique A. Oscillations entre une sobriété de bon aloi et un pathos parfois un peu trop audible – "les tempes dégagées, les cheveux en arrière" comme disait un de leurs prédécesseurs dans le rock francophone. Les paroles, si elles n’évitent pas quelques facilités ou quelques effets à la mode, savent se montrer assez touchantes, nous faire sentir ces dangers omniprésents ("La Falaise", "Alamera"), ces histoires porcelaines sur le point de se casser ("Parle à ton père") qui semblent volées à quelque cinéaste célèbre.
Sur ce fil tendu au dessus du vide, la sensation d’urgence et de danger est bien présente et si les musiciens d’Un Homme et une Femme Project ne se laissent pas griser par ce succès qui monte et prennent garde à quelques peaux de bananes d’altitude, je suis prêt, malgré mon vertige avéré, à tenter de les suivre. "Les yeux fermés" comme disait cette ancienne pop song ? Hmmm… pour l’instant je garderai les yeux ouverts…
Christophe
La Seconde
Mon Seul Amour
10 Jours En Mai
La Falaise
Parle à ton père
Point nord
Qui veut y aller ?
La Rue
Le Tour de l’Ile
Alamera