ANGEL & THE LOVE MONGERS – Angel & The Love Mongers
(Disgraceland) [site]
Pas facile de choisir. Je le sais, j’ai la même difficulté. Pop anglaise ou rock américain ? Au moment où notre cœur penche d’un côté, un artiste surgit et votre jugement bascule. Lorsque "Odessey & Oracle" des Zombies me tire irrémédiablement vers la suprématie de la pop anglo-saxonne, "Darkness in the Edge of Town" de Springsteen surgit au coin du bois et c’est l’Amérique qui l’emporte… et ce, jusqu’à ce que les Who… Vous saisissez le jeu (et l’enjeu). Ce dilemme (que je qualifierais d’existentiel pour des tarés dans mon genre), le trio d’Angel & The Love Mongers doit y être confronté à chaque composition.
Le groupe est, et ça s’entend, littéralement traumatisé par les Smiths et Morrissey (ce qui est, en soi, plutôt une bonne chose, non ?) : "The Dance Hall" ressemble à s’y méprendre à une composition du groupe de Manchester, ligne de guitare cristalline, voix emphatique et maniérée caractéristique du Moz… C’en est troublant. "Lovely Enough" et ses arrangements de cordes beatlesiens, ses voix entrelacées sur la fin du morceau, démontrent le savoir-faire du groupe pour trousser des mélodies envoûtantes. Ici, la balance penche largement en direction de la pop élisabéthaine et anglaise. C’est la tendance générale de l’album, et c’est très fort. Le falsetto du chanteur Angel Zuniga Martinez sur "Study Love", sur un beat primesautier… "It’s love", qui débute l’album, martiale et métallique, est diablement efficace.
Mais un morceau comme "Until I Found You" laisse transparaître la patrie d’Angel & The Love Mongers, avec ses guitares massives et sa rythmique massive… Un titre du genre à cartonner sur les radios des campus américains (ou en générique de fin d’un épisode de "Smallville"). "I Do" penche clairement du côté du rock californien quelque peu mainstream. Attention aux clichés, les enfants… "Just Give the Love", en revanche, est pile au croisement des deux influences, avec sa voix pleine de lyrisme et une instrumentation entre guitares distordues et piano limpide perdu dans le mix. L’Angleterre vue de l’autre côté de l’Atlantique. A l’inverse du dernier Ray Davies, Anglais ultime donnant sa vision d’une Amérique fantasmée.
C’est souvent au croisement de deux chemins qu’on a les meilleures surprises. Celle-ci est excellente, même si la pochette de l’album n’est pas d’un goût exquis.
Frédéric Antona
It’s Love
The Dance Hall
Study Love
Just Give the Love
Only Heaven Knows
I Do
Even Though I’m A Man
Love with Your Heat
Until I Found You
Will You ?
Love Enough