HOLDEN – Paris, La Maroquinerie, Le 5 mai 2006
Juchés sur les hauteurs de Ménilmontant pour lancer leur "à nous deux Paris", les Parisiens de Holden ont choisi la Maroquinerie pour célébrer la sortie de "Chevrotine", leur troisième album, devant un hémicycle bondé et conquis d’avance.
Vers 21 heures – le temps pour les techniciens de régler quelques problèmes de sonorisation – les cinq membres du groupe font leur apparition, emmenés par Armelle Pioline visiblement heureuse de remonter sur scène. Le groupe enchaîne sans temps morts, ni bavardages inutiles ses mélodies languides qui s’envolent comme des bulles de savon. Figurant en bonne place sur la set-list, les titres de "Chevrotine", fidèles au disque, défilent sans accroc, entrecoupés d’hommages à Pedrolira ("Tunis", "Une fraction de seconde") et à L’arrière-monde ("Une lueur tiède"). Retrouvailles feutrées baignées par la guitare cyclothymique de Mocke, le touché sensible du pianiste et du batteur et une basse ronde, bien en place. La voix câline d’Armelle, quelque part entre Françoise Hardy et Françoiz Breut, mène la barque avec tact et sensualité. N’allez pas chercher le combat avec Holden, chez eux tout est suggéré, esquissé, contourné. Très vite, le groupe enveloppe la salle dans une chrysalide de coton légèrement sucrée (de la barbe à papa ?). Et je me surprends à battre la mesure ou à reprendre en chœur un bout de refrain. A peine si je me souviens d’une chute de guitare électrique ou d’un micro récalcitrant voulant rompre l’harmonie installée. Quand "L’Orage" arrive (magnifique texte offert par Murat au groupe), le public flotte à mille lieues de là, quelque part dans les parfums de fleurs et les souvenirs de vacances en sépia. Suivent encore "Madrid" en plein sirocco et "Comme je suis" qui résonne comme le seul cri de la soirée. En une heure, la messe est dite, le groupe quitte la scène, ravi, rompant le charme qu’il avait créé. En guise de rappel, il invite les Chiliens de Gepe (leur première partie) le temps d’une reprise plutôt inattendue de Sun Ra. Les portes s’ouvrent enfin, je dévale la rue de Belleville avec la mélodie gouailleuse de "Charlie, Rosie et moi" sur les lèvres. Merci Holden.
Luc