TAKUMA ITOI – Quietude
(Karate Joe / Baked Goods)
Takuma Itoi esquisse sur "Quietude" une sorte de synthèse entre joyeux bidouillages informatiques et harmonies ambient minimalistes, pour ne pas dire décharnées. Son dossier de presse préfère parler de "berceuses pour calmer le mal de l’espace chez des cosmonautes nouveau-nés". Mais, comme souvent dans les compositions electronica, cela fait penser plutôt à des miniatures en briques LEGO (la version basique, des origines, et non pas ce qu’on trouve actuellement, avec dragons et ovnis en une seule pièce pour moutards blasés et flemmards). Takuma Itoi s’amuse à combiner et permuter ces briques de façon assez plaisante, mais ne réussit pas toujours à éviter les moments un peu lassants de pure monotonie ("Travelator"). C’est surtout l’absence de rythme bien défini qui constitue le point vulnérable de ces constructions minutieuses, malgré l’exception assez fascinante du dernier morceau, "Waltz". Ce qui pourrait les distinguer dans la masse de productions analogues des lego-philes musicaux c’est surtout le travail sur le détail des briques elles-mêmes. Avec une finesse toute… nippone, Takuma Itoi cisèle les surfaces en textures ni tout à fait soyeuses, ni complètement rugueuses ("Trans-"), en arabesques minuscules ("Microbe") et en nano-paysages ou villes ("Go On"), malheureusement désertés de toute présence humaine. Et ça finit par évoquer plutôt des pistes d’accompagnement pour karaoké, des orchestrations en attente d’un chanteur. Ces dernières années, la carrière des musiciens electro adopte souvent un modèle en deux temps : un premier album purement instrumental, qui attire l’attention plus par ce qu’il promet que par ce qu’il offre, suivi d’un deuxième – avec des voix – qui confirme ou démolit les espoirs. On aimerait donc entendre une collaboration de Takuma Itoi avec, pourquoi pas, Piana ou un/e autre chanteur/euse, pas forcément japonais/e. On ne pourrait peut-être plus parler de "Quietude", mais à coup sûr on connaîtrait mieux Takuma Itoi.
Gabriel Marian
Intro
Trans-
Travelator
On The Wind
The Third Person
Microbe
Go On
Waltz