HVITUR & KUBII – We Are A Trio
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Chroniquer cet album un dimanche après-midi pluvieux est une expérience enrichissante. Nous naviguons avec ce disque dans les eaux de l’électro-pop, plus minimaliste que ne peuvent l’être Mercury Rev ou les Flaming Lips, pour lesquels l’influence Spector/Wall of Sound est davantage prononcée, mais au profit d’un dépouillement particulièrement touchant. Des paroles décalées, déformées à coup de vocoder (parfois un peu trop présent, malheureusement), écrites par une Américaine déjantée, Kim Sparkle, qui évoquent d’une certaine manière le travail de Pete Sinfield sur le premier album de King Crimson, paru en des temps immémoriaux (1969). "You never sleep", tout en orgues et mandoline, nous renvoie à Grandaddy ou Sparklehorse, avec ses voix éthérées. Une atmosphère légère mais plombée, comme un temps gris entrecoupé d’éclaircies. Et ce titre, référence à la dernière tuerie de Cocosuma ou simple constat objectif d’une situation ? Parfois, la solution réside dans sa simplicité. Cette simplicité se retrouve également dans le caractère lo-fi , voire cheap, de certains arrangements (les effets sonores très "Amstrad 6128" de "Float to me" ou "It happens again")
"Maybe one Day", très Brian Eno, est aussi puissante, à sa manière, qu’ a pu l’être "Becalmed" sur "Another Green World", post-moderne en diable. Il y a dans cette chanson la couleur de nos vies depuis le début des années 90, une vérité déjà présente chez Portishead et Björk, un "dirty feeling" qui nous parle, à nous, les jeunes gens tristes. Avec cette huitième plage de l’album, Hvitur et Kubii se rapproche de cette Vérité. Penchez-vous sur "Mosquito", dernier morceau de l’album, dans lequel le trio infernal rebranche les guitares et renoue avec une musique plus brûlante, chaude. J’avais néanmoins envie de m’arracher le bras en entendant "On the sun", tellement dans l’esprit de Air, absolument magnifique, gâchée au beau milieu par un vocoder hors-sujet (il faut dire que Daft Punk n’a rien fait pour arranger les choses).
Le monde enfantin, que Mûm avait suggéré, la pureté vitale de Tiersen, tout en nostalgie façon "Paradis perdu" : voilà ce que suggère l’électro-pop lorsqu’elle est bien faite, ce qui est le cas ici. Une fois assimilées les influences parfois trop présentes du groupe, Hvitur & Kubii auront largement la capacité de faire briller leur musique à grande échelle. Mais tout est déjà là, en germe. Cet album aurait pu s’intituler "Melancholy in 13 lessons". Un seul mot : Waoooouuuu.
Frédéric Antona
I Don’t Wanna Die
Chained by the Fantasy
Muse
Bubble
Follow the Eiffel Tower
You Never Sleep
Float to Me
Maybe one Day
It Happens Again
Farewell
Guilt around my Heart
On the Sun
Mosquito