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Ben Folds – Songs for Silverman

BEN FOLDS – Songs For Silverman
(Epic) [site] – acheter ce disque

BEN FOLDS - Songs For SilvermanVoilà un album susceptible de diviser quelque peu les aficionados. C’est un fait qu’il s’en dégage plus que de coutume, sinon une sérénité, du moins une certaine douceur, voire un sentiment de bienveillance face au monde en général, qui va de pair sans doute avec la paternité récente du chanteur. Dès lors, ceux qui appréciaient avant tout l’énergie, ainsi que l’ironie mordante et acérée du bonhomme, pourraient ne pas se retrouver dans cette orientation.
Mais bon, peut-être faut-il avant tout considérer l’objet pour ce qui le constitue, c’est à dire les chansons.
Il n’y a déjà pas grand chose à reprocher à l’entame, impeccable avec le tonique "Bastard", et ses giclées de chœurs et piano, le subtilement nostalgique "You to Thank", qui lorgne parfois vers les Pernice Brothers (loin d’être une mauvaise idée), et surtout l’imparable "Jesusland", somptueuse et limpide construction pop, étayée de chœurs et cordes du meilleur effet. Le tempo se ralentit alors avec le single "Landed", pas forcément le choix idéal, mais qui reste un excellent morceau dans le genre "pop américaine classique" (sur fond d’histoire de fourvoiement amoureux, tout de même). On peut ensuite trouver du charme à "Gracie", comptine pour sa petite fille, même s’il est vrai qu’elle descend trop dangereusement le versant de la naïveté pour ne pas flirter avec la mièvrerie. L’enlevé "Trusted" vient donc à point pour remettre un peu de gaz, avant une nouvelle plongée plus sentimentale, avec un "Judy" un peu en roue libre, puis "Landed", qui joue la carte de la simplicité sensible et sincère (aurait-il pu décemment en être autrement ?) pour rendre hommage à Elliott Smith. "Sentimental Guy" déçoit ensuite un peu avec son côté rengaine jazzy, sans être totalement sauvé par une jolie mais brève envolée "petsoundsienne". En final, "Time" et "Prison Food", ornés de délicats et aériens motifs de piano, parviennent, eux, à toucher plus juste.
Au-delà du passage en revue un peu distancié, il convient de souligner que le bonhomme n’a rien perdu de son incroyable science de la mélodie et des arrangements, et sait toujours écrire des textes qui font mouche. Largement de quoi lui pardonner cet "attendrissement" et les tâtonnements qui l’accompagnent, d’autant plus qu’il n’y a rien à "pardonner". Peut-être même faut-il lui savoir gré d’être sincère avec lui-même et avancer à visage plus découvert, quitte à sortir un peu d’un registre où il n’a somme toute plus grand chose à prouver.
Et pour ceux qui y verraient plutôt les symptômes d’un gagatisme naissant, il leur suffit peut-être simplement de patienter pour voir (tout en souhaitant que la préadolescence de la progéniture Folds soit des plus difficiles…).

Marc Schmidt

Bastard
You To Thank
Jesusland
Landed
Gracie
Trusted
Give Judy My Notice
Late
Sentimental Guy
Time
Prison Food

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