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Mercury Rev – The Secret Migration

MERCURY REV – The Secret Migration
(V2 / Sony) [site] – achetez ce disque

MERCURY REV - The Secret MigrationVu de loin, c’est un disque dont on n’aurait même pas l’idée d’approcher. Un papillon, deux yeux sur les ailes, un fond pourpre cryptique. Les plus grincheux se demanderaient ce que fout là cette nouvelle compilation de Marillion. Les moins acariâtres croiraient découvrir la pochette d’un bootleg des Chameleons. Bah non les gars, c’est le nouveau Mercury Rev.
A l’image de cette pochette immonde, Mercury Rev aurait-il franchi la frontière ténue mais fondamentalement implacable entre pop psychédélique et rock progressif ? Se sont-ils embourbés dans les vapeurs de patchouli, le sourire aux lèvres ? Pourquoi deux yeux sur ces putains d’ailes de papillon ? Grasshoper a-t-il consommé la réserve stratégique de Libanais ? Et si ce papillon n’était qu’une mite ? Depuis que Mercury Rev a vécu, à retardement, puisqu’il s’agissait en fait du cinquième album, le syndrome du deuxième album raté après son chef d’oeuvre "Deserter’s songs" (la copie carbone rance "All is Dream" en 2001), quel monde veut nous faire découvrir le groupe de Grasshoper et Jonathan Donahue ? On se pose toutes ces questions pendant les trois premiers titres au moins, où l’on marche sous la même neige qui illuminait "Deserter’s Songs", cette neige qui irradiait de mélancolie l’étrange Noël de Monsieur Jack.
Il faudra attendre "Vermillion" où la neige molle en question est balayée dans un tourbillon de fleurs multicolores, pour que Mercury Rev nous fasse découvrir un monde merveilleux et encore inexploré. Jusque là, on n’avait peu remarqué les guitares. En effet, la production met en avant une batterie assez puissante, un piano sporadique et une basse qui bourdonne sans cesse, sans parler de la voie de Jonathan Donahue, aiguisée comme un rasoir dans un pot de miel. Pourtant, les guitares sont omniprésentes, tournoyant au fond des tous les titres de "The Secret Migration" et parfois attaquant sans crier gare comme sur "In the Wilderness", créant ainsi une subtile angoisse au détour de magnifiques et souriantes mélodies. Le meilleur titre, "In a Funny Way", est aussi attaqué en plein vol par des larmes de guitares que l’on croirait couler de la main de Will Sergent d’Echo and the Bunnymen, 25 ans après "A promise". Ce titre construit un escalier vers les étoiles, vers de nouveaux territoires merveilleux (bien loin des WC occupés par Marillion). Et, du vaporeux "Moving on" au délicat "Down Poured the Heaven", en passant par l’épineux "The Climbing Rose", on reste subjugué par ce que l’on découvre.
Nouveau chef d’oeuvre de Mercury Rev, "The Secret Migration" porte en lui un nouveau monde très proche des peurs et des émerveillements enfantins. D’ailleurs, ma fille de 4 ans a tout de suite repéré (avec ses oreilles) ce disque dans la discothèque familiale. Et comme, elle aime les papillons et que le rose est sa couleur préférée, il lui arrive de mettre elle-même "mercurireve" entre deux titres de Jean René.

Emmanuel Fiani

Secret for a song
Across the ocean
Diamonds
Black forest (Lorelei)
Vermillion
In the wilderness
In a funny way
My love
Moving on
The climbing rose
Arise
First – time mother’s joy (flying)
Down poured the heavens

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