SUICIDE – A Way Of Life
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Pour beaucoup, Suicide reste le groupe d’un unique disque : le premier album, du même nom et tardif (il est sorti en 1978 alors qu’Alan Vega et Martin Rev jouaient ensemble depuis le début de la décennie), suffisamment marquant pour assurer au duo new-yorkais culte et postérité. Il serait pourtant dommage de négliger les quatre qui ont suivi (en vingt-cinq ans…) : même s’ils pâtissent de la comparaison avec leur inestimable matrice, ils offrent leur lot de frissons, de performances kamikazes, et parfois même de grandes chansons. Paru à l’origine en 1988, après un long hiatus occupé par les carrières solo de ses deux membres, " A Way of Life " (humour noir…) est la troisième tentative de Suicide, enfin rééditée. Comme le précédent, le disque est produit par Ric Ocasek, l’ex-leader des Cars ; on retrouve donc ici l’approche un peu plus " pop " du deuxième album, même si le terrorisme sonore des débuts n’est jamais très loin. Bien sûr, la formule immuable des " Revega " commence à montrer ses limites : pillée par toute l’électro-pop anglaise du début des eighties, elle apparaît moins innovante qu’elle ne l’était dix ans plus tôt. Leur son, dans son minimalisme brutal et primitif, reste néanmoins unique, happant l’auditeur dès les premières secondes de " Wild in Blue " – dont la boucle rythmique rappelle curieusement le génial tube house " Beat Dis " de Bomb the Bass, sorti quelques années plus tôt. Sur le second titre, " Surrender " (avec chœurs féminins !), la passion de Vega pour Elvis et Phil Spector s’affiche avec une totale candeur qui fait de ce morceau, noyé dans l’écho, l’une des plus belles chansons d’amour de son auteur. Le reste est à l’avenant : une version reliftée de " Jukebox Baby ", unique tube solo de Vega (en France, du moins), un " Rain of Ruin " qui montre tout ce que Suicide doit aux Stooges, un " Dominic Christ " entre Bashung et Robert Palmer… Pas toujours génial, mais jamais indigne, ni daté. Les acharnés qui trouveraient quand même ça un peu mou du genou pourront fusiller leurs enceintes avec le second CD, un live de huit titres (tirés pour moitié de " A Way of Life ", le reste datant des débuts discographiques du groupe), au son presque acceptable. Contrairement à ce qu’on pourrait croire en l’écoutant, il n’a pas été enregistré dans un réacteur de la centrale de Tchernobyl mais au Town and Country de Londres, en décembre 1987. Une archive qui rappelle que Suicide, sporadique sur disque, est toujours une machine scénique qui tourne à plein régime
Vincent Arquillière
CD 1 :
Wild in Blue
Surrender
Jukebox Baby ‘96
Rain of Ruin
Sufferin’ in Vain
Dominic Christ
Love So Lovely
Devastation
Heat Beat
CD 2 (live) :
Dominic Christ
Johnny
Cheree
Devastation
Juke Box Baby ‘96
Girl
I Surrender
Harlem