MATT ELLIOTT – Drinking Songs
(Ici d’ailleurs / Discograph) – achetez ce disque
La pochette plante le décor : ce sera l’atmosphère mélancolique d’une ville slave au XIXe siècle. Le nouvel album de Matt Elliott confirme le tournant amorcé avec "The Mess We Made" paru en 2003 et continue d’explorer cette veine éthérée entre romantisme décadent et mysticisme. Sa musique principalement acoustique envahit l’espace dans un mouvement ascensionnel où tournoient les nappes de piano, de guitare, de violoncelle et les chœurs orthodoxes d’une beauté austère. Ces mélodies fragiles et délicates, propices à l’introspection flirtent avec un goût pour l’étrangeté, entre musique de bastringue, symphonies de poche et airs de boîte à musique. A l’écoute d’un titre comme "The Guilty Party", on se dit que Matt Elliott a composé la musique fantomatique du prochain Tim Burton ou qu’il nous convoque à une séance de spiritisme dans une maison hantée d’où nous parviendrait l’écho glacial d’un orgue et d’une trompette mariachi égarée. Matt Elliott a le don de nous transporter vers un monde parallèle ranimant au passage des peurs enfouies sous notre lit.
Figure emblématique de l’electronica, notre homme, originaire de Bristol, délaisse ici les beats drum & bass de ses compositions d’hier, quand il officiait sous le pseudo The Third Eye Foundation, pour explorer une voie plus orchestrale avant de renouer avec eux sur le final incandescent "The Maid We Messed".
L’artiste poursuit ici une collaboration fructueuse avec le label Ici d’ailleurs entamée en 1999 par le remix du titre "Le Déluge" de Yann Tiersen (son cousin hexagonal). "Drinking Songs" est un disque cotonneux à souhait, suintant le spleen et l’absinthe, un conte pour enfants difforme. Même si l’album tire en longueur, il nous promet un voyage sensoriel étonnant réalisé par un alchimiste talentueux, illusionniste à ses heures.
Luc
T.F. Bundy
Trying to Explain
The Guilty Party
Whats Wrong
The Kursk
What the Fuck am I Doing on this Battlefield ?
A Waste of Blood
The Maid We Messed