ANDREW – What It’s All About?
(Avebury) -[site]
Sur son site web, Andrew Sandoval se tient fièrement à côté de sa Volvo 1800 rouge (la voiture de Roger Moore dans la série "Le Saint"), qu’il trimballe de convention en convention. Il remporte même des prix. L’engin vermillon apparaissait aussi sur la pochette du précédent album du chanteur. Un détail qui en dit long sur le bonhomme : un collectionneur doublé d’un amoureux des sixties. Un nostalgique un peu maniaque, en somme. Confirmation à l’écoute de cet album. Andrew, physique ingrat à la Roy Orbison et voix fluette, vénère les Beatles, les Byrds, les Beach Boys, tout ça. Son "We’ll dream" démarre sur le même rythme que "Ruby Tuesday" (on pourrait chanter la mélodie stonienne par-dessus) mais, trop doux, peine à décoller. Cette pop fleur bleue, désuète à souhait, savamment orchestrée, n’est pas désagréable, non, mais elle manque singulièrement d’originalité, d’entrain et de rythme pour atteindre le modèle scarabée. La faute aux mélodies, trop révérencieuses, humbles hommages d’un artisan du troisième millénaire aux maîtres des années 1960. La faute aussi au timbre aigrelet d’Andrew, qui geint lorsqu’il s’entête à pousser dans les aigus.
Les chansons défilent ainsi, joli et ennuyeux filet d’eau tiède, jusqu’à ce que l’oreille soit, enfin, surprise par une mélodie accrocheuse, à la quinzième seconde de la chanson numéro 6. "Nevermore", c’est son nom, sort les trompettes et ose enfin balancer son refrain sans détour. Voilà qu’on bat la mesure et qu’on fredonne. La chanson suivante fait à peu près le même effet et celle d’après, dans un registre doux-amer, aurait facilement pu figurer sur le "Formule 1" des Teenage Fan Club. Puis l’attention se relâche, Andrew continue à tirer sur sa voix, les trompettes et les orgues reprennent leur bout de chemin mais, déjà, on a perdu de vue tout ce petit monde. Les inconsolables des sixties douceâtres, les collectionneurs de juke-box et autres bêtes à poil tendre seront certainement moins féroces que nous et trouveront du charme à l’objet. Les collectionneurs de Volvo 1800 aussi.
V
We’ll dream
Or, maybe not
I can’t be lonely
Where I want to be
How do you go on?
Nevermore
Round going round
How it goes
Another way of life
How come it takes so long?
The golden state