THE CONCRETES & THE KONKI DUET – Nouveau Casino, Paris, 12/01/05
Des projecteurs diffusent une lumière rose sur trois jeunes filles sagement penchées sur leurs instruments. L’une joue du violon, l’autre de la guitare et celle du milieu, du clavier. The Konki Duet joue une électronica franco-japonaise suave et aérienne, douce comme une peluche. Nous, on a un peu l’impression d’être entré par mégarde dans la chambre toute rose d’une adolescente, avec ses flacons de parfums, ses boîtes de maquillage et, sur la table, un journal intime couvert d’une écriture ronde. Sur scène, nos trois jouvencelles rougissent, baissent les yeux, minaudent un peu. Une préciosité légèrement agaçante, mais plus encore lorsqu’à la façon d’étudiantes arty, elles décident de se muer en "bad girls", terminant un morceau avec moult cris suraigus et riffs stridents. Crispant. Dans le même esprit, la reprise de "No one knows" des turbulents Queens of the Stone Age, semble ici purement décorative, comme ces badges de groupes punks qu’arborent les ados branchés en pensant faire rebelle.
Plus adultes, The Concretes suivent sur scène avec une pop enjouée et ensoleillée. On ne connaissait pas cette tribu suédoise à géométrie variable. On a compté huit ou neuf personnes sur scène (la section cuivre était cachée au fond), mais on a vite abandonné ce recensement laborieux pour se concentrer sur les trois filles du groupe. La chanteuse, cheveux vaporeux et visage poupin, ressemble comme deux gouttes d’eau au Portrait d’Emile Floge de Gustav Klimt. Bottes et robe noires, gants en résille et fourrure sur les épaules, l’exquise dame ne semble pas entendre les cuivres qui tempêtent dans son dos. On pense à une petite fille précieuse occupée à s’observer dans le miroir, apprenant à séduire son reflet pour mieux séduire les hommes, plus tard, dans le vrai monde. A côté d’elle, la guitariste évoque Louise Brooks et la noirceur de l’expressionnisme allemand. Cheveux jais, tenue noire, teint blafard et lèvres rouge vif, c’est une dure à cuir échappée d’un Berlin fantasmé, celui des cabarets de l’entre-deux-guerres. La batteuse, enfin, beau brin de femme athlétique et blonde comme les blés, trahit les origines scandinaves du groupe. Ah oui, et la musique? Rien de révolutionnaire, mais de chouettes mélodies, bien rythmées et égayées par les cuivres et les violons. Des "christmas songs" à siffler sous la douche, avant d’aller patiner sur les canaux gelés de Stockholm.
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