POKETT – Crumble par Pokett
Salué dans ces colonnes et dans bien d’autres il y a quelques temps, le premier album de Stéphane Garry aka Pokett n’apparaît dans les bacs que ces jours-ci. Avant de passer à autre chose, son auteur a bien voulu nous dévoiler les ingrédients qui composent ce gâteau savoureux, une des plus belles et inattendues réussites françaises de l’année écoulée.
ElvisPressPlay
Premier morceau en forme de fausse piste, au titre un peu potache : et si Elvis était encore parmi nous, ferait-il des concerts de laptop ou appuierait-il sur play et ferait du play-back ? En tendant bien l’oreille on peut entendre le père de Sandrine passer le râteau dans la cour. J’aime bien ce morceau pour ses mélodies multiples et avortées et les sons de synthés un peu débiles.
Marmalade
Quand j’ai voulu écrire les paroles de ce morceau, j’ai demandé à Davide Balula de m’envoyer 5 mots en anglais qu’il aime bien. Il y avait strive, rasperries, et j’ai oublié le reste. J’ai composé la chanson que m’inspiraient ces 5 mots. Je suis assez content de ce texte, sans doute le plus évolué que j’ai écrit jusqu’ici.
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Fall
J’ai composé la trame principale de ce morceau un soir, et il tournait dans ma tête jusqu’à ce que je le termine. Pendant une semaine j’étais obsédé par ce morceau… on aurait dit qu’il ne voulait pas me lâcher tant que je ne lui aurais pas trouvé une forme convaincante.
Après le premier enregistrement démo, on a tout refait avec Stef (batterie) et Laurent (guitare électrique et basse). Ce morceau est un morceau de soutien à ceux que l’hiver déprime. J’essaie d’y faire passer une certaine forme d’énergie vitale.
Carthago
Le morceau le plus difficile à terminer, qui a bien failli finir dans la corbeille.
J’ai envoyé les parties de guitare à Laurent, en lui laissant carte blanche sur les textes et les mélodies. C’est lui qui a sauvé le morceau. J’aime beaucoup les harmonies, assez différentes de ce que je fais d’habitude.
Morning
Je n’ai rien inventé pour les paroles de ce morceau. Je me suis réveillé à la fin d’un rêve bizarre et je n’avais qu’une envie : me rendormir et le poursuivre.
J’ai griffonné ça dans le métro en allant au travail. Plus tard quand j’ai trouvé les accords de guitare de la deuxième partie, j’ai ressorti le texte et ça collait bien, un peu de mise en place et le morceau était écrit. J’ai mis très longtemps à trouver un violoncelliste, j’ai commencé à faire des trucs au mellotron, avec des samples mais ça ne marchait pas du tout. Finalement on m’a présenté Boris, et après un peu de montage c’était conforme à ce que je voulais, un truc assez vaporeux, un peu diffus, comme un rêve. La voix de Clémence est aussi utilisée dans ce sens. Le texte est très simple, mais je voulais essayer un truc assez direct, dépouillé.
Sun
Morceau fleuve, qui s’étale sur une journée. Ce morceau a pris un an pour trouver sa forme définitive. C’est le seul du disque basé sur la répétition. Je voulais notamment un passage ambiant parce que j’aime cette musique et que ça s’inscrit complètement dans la narration du morceau. Sa place centrale dans le déroulement du disque contribue à l’effet de symétrie de l’album. J’aurais aimé voir ce morceau sur une face de 10 » un peu par nostalgie envers les disques des Floyd ou de Mike Oldfield, avec leurs longs morceaux qui remplissent une face. Ca m’a toujours fait rêver.
Bar
Un morceau un peu sarcastique sur les gens qui parlent pendant les concerts.
Je l’ai écrit en rentrant d’Arab Strap à la Guinguette Pirate, où mes voisins étaient passablement dissipés et m’ont gâché une bonne partie du concert… J’aime surtout la partie avec le piano complètement désaccordé, et le passage énervé à la Captain Beefheart (merci Bertrand).
Allright
Dernier morceau composé pour l’album, l’occasion de faire un truc un peu dépouillé, avec une seule voix, une seule guitare. J’aurais bien aimé le composer et le jouer au piano… Emiliano trouve que ce morceau ressemble à Red House Painters. Je suis surtout content du rendu de la voix. Il raconte l’histoire de retrouvailles ratées.
Train
Considéré comme le tube de l’album par une majorité, c’est un titre un peu difficile à décrire. J’y ai mis toute mes influences : electro-pop, country, folk, beach boys, rock, heavy métal… Il est à la fois très peu sérieux et en même temps il ne marche qu’en se prenant au jeu. Un vrai casse tête pour l’adapter en concert : j’aime beaucoup la superposition des riffs de guitare de la fin mais c’est difficilement faisable hors du studio. Le passage avec uniquement les voix est un vrai défi, je n’ai jamais eu foi en mes talents de chanteur. Je me suis dit que si j’arrivais à mettre un passage avec uniquement ma voix sur le disque je n’aurais plus à rougir.
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OkCancel
Un morceau qui parle des ordinateurs, en tant qu’instruments de musique mais aussi pour toutes les petites choses pratiques qu’ils apportent à la vie quotidienne. C’est un outil dont je ne pourrais clairement plus me passer. En même temps l’ordinateur est un casse tête sans fin, avec qui le dialogue se résume à lui dire ‘ok’ ou ‘cancel’ . Pouvoir lui dire les deux à la fois, ‘ca dépend’, ferait de lui la machine idéale.
Le matin après l’enregistrement de la guitare, je me suis réveillé avec la mélodie de chant qui tournait dans la tête, jusqu’à ce que je l’enregistre à son tour. Avec Morning c’est la deuxième fois que je trouve l’inspiration dans le sommeil. J’aime beaucoup ce morceau pour ses textures (les synthés Tangerine Dream) et sa construction bizarre. La texture de la fin est la même que celle d’ElvisPressPlay. J’aime bien ces disques où la fin et le début sont similaires, où la boucle est bouclée.
Site web : http://pokett.free.fr/