THE LEGENDARY PINK DOTS – The Whispering Wall
(ROIR / Tripsichord)
Comme bon nombre de groupes gothiques, les Legendary Pink Dots auraient pu mourir artistiquement quelque part au début des années 90. Franchement, assommé par l’effervescence des jeunes groupes qui n’en veulent et qui courent derrière les Strokes ou les Libertines, j’avais presque oublié que ce groupe existait. J’étais donc loin d’imaginer qu’il sortait encore des disques. Pourtant, il faudra s’y faire, le vingt-et-bidulième album des Legendary Pink Dots est une réussite. Et c’est toujours du gothique.
Les ayatollahs de la pop se plaisent à vomir gaiement sur le mouvement gothique et sont tout juste prêts à sauver Bauhaus et Siouxsie and the Banshees. Sans doute car la filiation avec Bowie et le glam de ces deux fers de lance gothiques est trop évidente pour une répudiation définitive. Il serait donc temps de reconnaître l’influence constante de ce mouvement sur la pop, de Placebo ou des Smashing Pumpkins en fin de vie jusqu’aux encore confidentiels OMR. De même sur le rock mainstream, notamment sur certains combos de nu-metal : les gouffres lovecraftiens de Fields of the Nephilim ou la congélation totalitaire de Killing Joke résonnent dans les albums des stars du nu-metal en costume d’halloween Slipknot (notamment sur leur jouissif dernier album), et les chevauchées héroïques d’All About Eve / The Mission traversent les compositions d’Evanescence.
Voila pour la mise au point, passons maintenant à "The Whispering Wall". Sans égaler celles de l’époque PIAS, période dorée du groupe (notamment l’album "Anyday now", 1987), ces nouvelles chansons sont globalement bien ficelées et intelligemment agencées. La voix d’Edward Ka-Spel demeure toujours aussi inquiétante, entre tristesse et hilarité, notamment sur l’excellent "A Distant Summer" parcouru de guitares effilochées et de rythmiques bancales. Aussi, le point d’équilibre est trouvé entre ambiances envoûtantes (les notes de clavier empilées en forme de cathédrale sur "Sick Toy"), bizarreries hypnotiques ("For Sale" et le magnifique "The Region Beyond") et mélodies limpides (en particulier, le tranquille "06"). La musique des Legendary Pink Dots, portée par une habileté à conter des histoires héritée du folk et par un soupçon de psychédélisme, est désormais empreinte d’une certaine sérénité et a atteint un point de non-retour : celui de l’intemporalité qui siège au-dessus des modes.
mr modular
Soft toy
A Distant Summer
Dominic
In Sickness and in Health
For sale
King of a Small World
The Region Beyond
06
Peek-a-boo
The Divide
Sunken Pleasure / rising Pleasure / No Walls, no Strings