TOKYO/OVERTONES – Tokyo/Overtones
(Elkavox) [site]
Les Tokyo/Overtones sortent enfin leur premier album, que l’on pourrait intituler « Les producteurs français ont de la merde dans les oreilles ! ». Derrière ce radicalisme introductif se cache hélas une triste réalité : après un premier maxi (« The Polar E.P. »), somptueux, accrocheur et terriblement prometteur, les Tokyo/Overtones n’ont trouvé aucun éditeur pour les emmener sur le chemin de la gloire. Qu’à cela ne tienne, ils le trouveront tout seuls.
Parler d’un disque comme celui-ci me donne le sentiment d’être investi d’une mission, celle de faire connaître un groupe ô combien talentueux et injustement ignoré. Aux manettes de ce feu follet pop-rock-électro, quatre garçons venus du Havre, Laurent Ambroggiani, Virgile Vallin, William Tasse et Sébastien Abat. Auteurs d’une pop aux contours électriques et aux reflets électroniques, ces français brillent par leur capacité à brouiller les pistes d’une campagne que l’auditeur ne reconnaÓtra pas. Une seule constante sur cet album : la voix maîtrisée de Laurent Ambroggiani, présente sur chaque titre. Tantôt légère et distante, tantôt appuyée et rageuse, elle se coule à merveille dans le moule de ces compositions gazeuses hautement inflammables.
Un paragraphe pour chacun des onze titres ne suffirait pas à rendre compte de la diversité des orientations du groupe. « A Bungalow On Pluto » déroule une pop obsessive qui monte vite en puissance et à laquelle des claviers entêtants viennent apporter leur soutien. Sur « The Ferry Song », les penchants Èlectroniques de la formation se font jour de manière plus évidente, même si les guitares dominent encore. Le coup d’état intervient sur l’aérien « On Helium », les claviers et arrangements numériques pacifiques ayant pris le pouvoir. « Tomorrow Space » nous permet de mesurer le chemin parcouru : nous flottons désormais bien au-dessus de la Terre, entourés par une délicate pop électronique et une myriade d’étoiles aux sonorités scintillantes. « Your Steps » pourrait marquer le retour au plancher des vaches et aux bonnes vieilles guitares bien nerveuses – « ça arrache le bitume ! », dirait une amie de ma mËre -, mais le groupe rebondit vite sur l’electronica subtile et enlevÈe de « Overmars » pour s’envoler à nouveau sur « Places, Unknown » aux accents post-rock indéniables. A noter encore le rock défoncé façon Mercury Rev de « Againstyou » – la tranquillité des premiers instants sont trompeurs – et surtout la pop rêveuse et gracile de l’ultime « Serial Dreamer ».
S’il y a bien un disque qui, malgré une difficile distribution, sera indispensable pour terminer l’année, il s’agit bien de celui des Tokyo/Overtones. Nous vous aurons prévenus, ne faites pas la même erreur que les maisons de disques.