EINSTÜRZENDE NEUBAUTEN – le Bataclan, le 6 avril 2004.
Brisez vos certitudes !
Oubliez tout ce que vous avez toujours pensé des Neubauten sur scène ! Blixa et son groupe nous ont montré sur la scène du Bataclan qu’ils ne sont jamais là où on les attend.
Vous les prévoyiez bruitistes, ils vous offrent une version toute en nuance de "Ich gehe jetzt" en introduction. Vous les pensiez assagis, quadragénaires débonnaires et ils vous plongent dans un chaos sonore sans précédent sur "Haus der Lüge". Vous imaginiez que l’improvisation n’était plus de mise, ils se prêtent au jeu d’une sorte de cadavre exquis musical sur scène en guise de performance et produisent un morceau unique et éphémère.
Nous avons assisté à un concert exceptionnel, servi par un groupe en grande forme, détendu et généreux. Blixa, plus transylvanien que jamais, arrive détendu mais déterminé et introduit le concert en précisant que la première partie sera plutôt calme. On se demande ce que signifie plus calme…
Pendant cette introduction, les cinq autres membres des Neubauten, vêtus de sobres mais élégants costumes, investissent la scène : les instruments sont déjà en place, créant un décor de chantier post-industriel savamment agencé.
On peut discerner une sorte de xylophone constitué de tubes de P.V.C, des compresseurs, des cymbales géantes en forme d’engrenage, des blocs-moteurs, un ressort métallique et même une batterie composée d’authentiques fûts complétés par des plaques métalliques et des bidons.
Dans ce squelette métallique désassemblé, les Neubauten se mettent à l’œuvre : la magie opère dès les premières notes de "Ich gehe jetzt", et le public semble hypnotisé. Pendant tout le concert, la voix assurée et pénétrante de Blixa nous convainc d’oublier toutes nos certitudes sur la musique du groupe. Le chanteur, parfois cabot, parfois ému, anime le concert comme il le ferait dans cabaret moderne et présente la plupart des titres interprêtés.
L’essentiel des titres du dernier album (Perpetuum Mobile) est joué : entre autres, une version très bruitiste de "Selbstportrait mit Kater", "Ein seltener Vogel", le très émouvant "Dead friends (Around the Corner)". Le précédent disque (Silence is sexy) est aussi revisité, avec un "Die Befindlichkeit des Landes" prenant, un "Redukt" rageur et "Alles" en rappel. Peu de vieux morceaux seront produits sur scéne : le très attendu "Yü-Gung (Fütter mein Ego)" ne sera pas exhumé malgré les doléances du public. Peut-être est-ce pour rappeler que ce groupe, après 23 années d’existence, est toujours innovant et actuel !
Sacha