C’est un peu symbolique tout cela, mais les pApAs fritAs et leur leader, Tony Goddess, ce fut la première interview « en vrai » (et pas par email) publiée par POPnews, il y a maintenant quatre ans. Ca faisait très très peur à l’époque. Alors aujourd’hui, c’est comme un vieil ami qu’on retrouve Tony Goddess, venu promouvoir la compilation-testament de son groupe, « Pop has Freed us ». Une fin plutôt joyeuse et sans douleur que célèbre donc cette compilation mi-best of, mi-« for fans only », ultime occasion pour saisir combien ce groupe, tout futile qu’il ait pu paraître à certains, savait synthétiser trente ans de musique pop américaine en une musique enthousiasmante et résolument moderne. Comme il faut toujours innover, nouvelle première fois, je me lance, non sans appréhension connaissaint la cuture du bonhomme, dans mon premier blind test. Score à battre pour le prochain : 11,5/12.
Rush – Tom Sawyer
Il faut que je te dise qui c’est, c’est ça ?
Oui…
Tom Sawyer, par Rush ! quand j’étais enfant, cette chanson a changé ma vie…
Pourquoi ?
Et bien… j’avais sept ou huit ans, c’était en 1980 et je n’avais jamais entendu quelque chose comme ça.
C’est la première chanson que tu te souviennes d’avoir écoutée et appréciée ?
Oui, c’est ça…
Et aujourd’hui, quel regard portes-tu sur cette chanson, sur la carrière du groupe ?
Ouais… c’est cool… je peine un peu à y croire… ce n’est plus trop mon style, mais bon, quand on est jeune, on aime ce genre de musique puissante. Et puis le guitariste est très bon, assez sous-estimé.
The Modern Lovers – Roadrunner Twice
C’est un classique, c’est mon type de musique ça !… tu sais que j’ai tourné dans une pub pour la télé avec cette chanson ? Pour « Go Kart »… A la place de « Radio On », les paroles disaient « Go Kart Go »… et moi on me voyait avec un chapeau et mes cheveux, je ressemblais à une personne normale… et puis on me donne un ticket pour le kart et là, pfff, je me retrouve avec des lunettes de soleil, avec une veste à la Elvis et les cheveux en arrière.
Jonathan Richman est un des premiers artistes que tu aies admirés ?
Oui, un des premiers… tu sais, je ne suis pas un chanteur naturel, je n’avais chanté dans aucun groupe avant. Quand on a commencé, c’est moi qui composais les chansons, c’était à moi de chanter. Et en entendant les premiers Jonathan Richman, je me suis dit : « si lui peut chanter, alors moi aussi je le peux ».
Tu avais joué dans d’autres groupes avant les pApAs fritAs ?
Pas beaucoup… je jouais dans un groupe influencé par Shudder To Think… on voulait faire un croisement entre King Crimson et Fugazi. J’étais un bien meilleur guitariste à l’époque, je voulais jouer vite ! (il remet le casque) Je pense toujours que c’est une grande chanson, elle est tellement catchy… C’est agréable de l’entendre à nouveau…
The Beach Boys – With Me Tonight
Oh… quelle est cette version ? tu l’as téléchargée sur le net ?
Je pensais que tu m’en dirais plus sur cette version, justement…
C’est étrange, il a enregistré beaucoup de versions de ce morceau, qui est pourtant assez simple.
J’ai choisi celle-là parce que l’intro me faisait penser à celle de « Rolling In The Sand »…
Oui, c’est vrai, à cause du piano… Brian Wilson, une grosse influence… que dire de plus ?
Il me semble que tu étais assez obsédé par « Smile », le fameux album perdu des Beach Boys ?
Plus maintenant, c’est fini… Tu sais, « Smile » est une histoire. Et je voulais me faire ma propre idée de cette histoire, donc j’ai passé un certain temps à la reconstituer. Une fois reconstituée, elle m’intéresse moins. En fait, « Smile » est une allégorie de l’histoire des USA, et aussi de la vie de Brian Wilson. Elle commence par « Heroes and Villains », l’introduction. »Wonderful » symbolise l’innocence, celle de l’Amérique comme celle de Brian Wilson. « Do You Dig Worms » représente l’invasion britannique, celle des colons comme celle des Beatles. « Cabinessence », c’est la vie dans le Midwest, puis la ruée vers l’ouest des pionniers, et aussi la famille de Brian qui part pour la Californie. Oui, j’aime beaucoup tout ça, Brian Wilson n’a pas arrêté d’être créatif. On a parfois l’impression que ça s’arrête avec « Pet Sounds ». Mais non, ensuite il y a eu « Smile », « Wild Honey », « Smiley Smile ». Et puis ensuite « American Spring », avec sa femme… Tu connais ce disque ? C’est à partir de ce moment-là qu’il se met à utiliser les premiers Moog systématiquement. J’aime tout en fait. « The Beach Boys Love You », c’est très bien aussi, les paroles sont complètement barrées, elles semblent sorties de la cervelle d’un gamin. Il y a une chanson à propos de Johnny Carson, une autre à propos du Système Solaire : « if Mars had life on it, I’d find my wife on it ». Très drôle. Il y un autre album qui n’est jamais sorti, qui doit dater de 1976-77, qui s’appelle « Adult Child », qui devait être interprété par un big band. Je joue une chanson de cette album en concert, « It’s Over Now », quand j’ai l’humeur qui va bien… C’est une chanson très triste… et je le suis (yeux de cocker irrésistibles).
Dinosaur Jr. – Freaks Scene
Une grosse influence sur moi quand j’étais jeune ! Tu sais que j’ai joué avec Jay Mascis ? J’ai joué dans un groupe de reprises de Led Zeppelin, Lard Zeppelin. Je jouais des claviers, et lui de la batterie… il joue très bien, presqu’aussi bien que John Bonham ! Je ne peux pas vraiment faire de musique sans guitares saturées, par leur faute. Je les ai tellement aimés. « You’re Living All Over Me » est mon préféré, mais je les aime jusqu’à « Where You Have Been ». Brian Wilson n’a pas cessé de changer, d’évoluer, Jay Mascis est resté toujours le même. Mais il a quand même apporté beaucoup à la musique.