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Jérôme Minière – Interview

Désormais installé au Québec, sa « terre d’asile », Jérôme Minière est venu présenter en France les chansons de l’album « Petit cosmonaute » ainsi que quelques montages vidéos illustrant les fantaisies électroniques tissées autour du personnage Herri Kopter (pour lequel il compose un diptyque dont le second volume devrait paraître l’année prochaine). L’interview s’est déroulée dans les circonstances un peu particulières des préparatifs de son concert à la Guinguette Pirate et de retrouvailles amicales inopinées (l’interviewer est une lointaine connaissance de lycée, le preneur de son un ami musicien pas vu depuis dix ans). Plutôt amusé de cette situation, Jérôme s’est montré volubile et enjoué… 

Ton parcours artistique est déjà riche et diversifié, entre le cinéma, la chanson et la musique électronique. Des premiers groupes de rock à Orléans à la formation cinématographique que tu as suivie à Bruxelles, du vieux continent à Montréal où tu es désormais installé. Est-ce que le fait de revenir en France te donne l’occasion de mesurer le parcours effectué ?
C’est assez particulier d’en parler, car j’ai l’impression que vous et moi, qui nous sommes rencontrés il y a une quinzaine d’années, on a tous vécu ce parcours. On est d’une génération qui bouge peut-être plus. Simplement, le fait de cet éloignement géographique important rajoute une dimension à mon parcours. Quand je me suis installé au Québec, je n’ai pas eu au départ le sentiment de m’installer pour de vrai, je faisais des aller-retour, j’étais en mouvement, mais c’est la vie qui m’a rattrapé, j’ai rencontré une Québécoise, je suis devenu papa, et je me suis dit : il faut que je me décide à m’installer quelque part. Une fois que j’ai pris mes marques là-bas vers 1999-2000, je me suis vraiment dit que j’étais parti. Là, j’ai vraiment fait l’expérience d’être loin, et c’est aussi une sorte de deuil. Maintenant que je reviens et retrouve des gens, j’ai l’impression de boucler quelque chose.

Ce que tu racontes de ton parcours rejoint beaucoup les thèmes de ton disque (« Petit cosmonaute ») : découvrir un territoire, arpenter, rester au chaud dans sa bulle ou aller voir plus loin…
En faisant mes disques, je me suis rendu compte que je racontais souvent un état que je ne comprenais pas encore et c’est seulement après, avec les années, comme par des sortes de confirmations intérieures ou extérieures, que les choses me sont apparues. On dirait qu’une partie inconsciente précède la prise de conscience.

Vue de France, la scène canadienne a un aspect assez hétéroclite et vivant, avec des personnalités fortes et contrastées. Est-ce simplement une impression de français ou est-ce vraiment comme ça là-bas ?
C’est toujours magnifié quand on en est loin et, en fait, on peut avoir la même impression à l’égard de l’Europe et de qui s’y passe. Mais il y quelque chose de vrai dans ce que tu dis et, venant de France, je me suis posé la même question en arrivant. La société que j’ai découverte est plus néo-libérale, individualiste, c’est une société nord-américaine, avec tout de même plus de conscience sociale. Ce qui m’a fasciné, c’est que, s’il n’y a pas le même poids de la culture générale qu’en France, en revanche, lorsque quelqu’un se passionne pour quelque chose, il va se mettre à exceller dans ce domaine mais hors d’un contexte académique. Je pense que ça crée ces météorites dont tu parles, et ça, ça me fascine. Moi, je venais d’une idée sociale-démocrate européenne et j’ai été un peu déstabilisé, mais si ici on est moins paternaliste, si on fait moins confiance aux institutions, il y aussi moins de parcours obligés : les gens font des choix plus personnels. Comme, par exemple, le mode de vie des gens du label Constellation, c’est assez radical.

Il y a des gens dont tu te sens proche ou que tu côtoies dans cette scène montréalaise ?
Les gens de Constellation, je ne les connais que de façon indirecte, mais dans la scène électronique, avec des gens comme Akufen, on se connaît tous, dans la scène francophone, je commence à connaître pas mal de gens aussi.

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