BASEMENT JAXX – Kish Kash
(XL / Beggars)
Même pas drôle. C’est à peu près ainsi qu’on résumerait le nouveau Basement Jaxx. On a bien cherché mais parmi les 14 titres, pas un seul n’arrive à la cheville du tubesque "Where’s Your Head At?" du précédent album, "Rooty". D’où la question qui en découle logiquement : à quoi les Basement Jaxx avaient-ils la tête pendant l’écriture et l’enregistrement de "Kish Kash" ? A pas grand chose, sûrement. Le duo semble surtout s’être amusé à bidouiller ses machines et à inviter des chanteurs et -teuses (Siouxsie Sioux, Meshell Ndegeocello, Dizzee Rascal, Lisa Kekaula). Manque l’essentiel : des tubes !
Bien sûr, au début, les synthés, samplers et autres bijoux technologiques-avec-des-boutons-dessus font illusion. Mais après quelques morceaux, l’oreille finit par se lasser de cette dance stridente encombrée de samples, de bruits, de "bzzzz", de "grrrr", de "kshhh", de "fsss". L’accumulation sonique et l’habillage électro-baroco-kitsch cachent en fait une absence flagrante de mélodie accrocheuse. On pense à ces couturiers qui noient leurs mannequins sous des masses de taffetas dépareillés, de mousselines fluos et de plumes d’autruches arty pour masquer leur manque d’inspiration. Côté textes, là encore, on reste dans l’univers sophistiqué et vide de la mode. "Move your body, yeah, touch your body" (sur "Right Here’s Your Body") resteront les paroles phares du disque.
Le poussif "Supersonic" porte bien mal son nom. "Plug It In" et "Good Luck" tireraient bien leur épingle du jeu, mais de là à les distinguer du lot… on aurait peur de ressembler à ces Néerlandais qui, à défaut de montagnes, présentent leurs petites collines plates comme des "sommets". "Lucky Star" a le mérite de mêler des sons arabisants avec du rap et de l’électro. Mais cet audacieux téléscopage, s’il devait être mis en image, donnerait le spectacle d’un groupe de rap venu d’Ibiza débarquant dans la médina de Fès avec ses chaînes en or et ses sirènes black en bikini. Dernière mauvaise note, avec l’affligeant "Cish Cash" (avec Siouxsie Sioux au chant), vendu comme le hit de l’album. En fait, un morceau privé de mélodie et noyé sous les effets sonores. Siouxsie ? Ce pourrait être Britney Spears ou Nolwenn, ça ne changerait absolument rien. Sauf bien sûr à considérer la crédibilité de la prêtresse gothique, joker de luxe bien mal employé ici.
Bref tout va mal… sauf à la fin. L’entêtant "Hot’n Cold", qui rappelle "Romeo" sur "Rooty", retrouve le rythme saccadé et glamour du Basement Jaxx qu’on aime. C’est bien simple, ce funk glacé et maniéré ressemble comme deux gouttes d’eau au "Kiss" de Prince. Vient ensuite le tonique "Living Room", espagnolade aux accents flamenco qu’on croirait composée dans l’atmosphère enfiévrée d’une bodega. Une petite furie andalouse jouée à la guitare, quasiment en acoustique. Comme quoi il faut parfois couper le courant pour retrouver du jus.
Vincent Noyoux
Good Luck
Right Here’s the Spot
Benjilude
Lucky Star
Petrilude
Supersonic
Plug It In
Cosmolude
If I ever Recover
Cish Cash
Tonight
Hot’n Cold
Living Room
Feels like Home