GRAND SALVO – Berlin, 23 avril 2003
Avant d’entrer dans le vif du sujet je dois situer brièvement le contexte : après un sérieux match de Ligue des Champions (Madrid 2 – Juventus 1) au café sport du coin je suis passé par hasard dans un bar (la scène se passe à Berlin où j’étudie en ce moment) parce qu’on m’avait dit qu’il y aurait ce soir là un concert gratuit. Mais, alors que je m’étais imaginé un truc plutôt électro, je suis bien surpris en entrant de voir au fond du bar un type seul – vague ressemblance avec Roberto Benigni mais en mieux – chanter, presque à voix basse, en s’accompagnant à la guitare. Je m’installe donc tranquillement au milieu de la dizaine de spectateurs, en me disant que c’est vraisemblablement un gars du coin, pote avec le patron, qui pousse la chansonnette. Mais plus les chansons passent et plus je me dis que ce voisin de quartier est plutôt doué. Le public semble déjà plus attentif, une légère émotion commence même à poindre. Les compositions sont riches, on imagine parfaitement cette voix et cette guitare secondées par un orchestre symphonique version Tindersticks ou plus simplement, un disque à la fois minimaliste et élaboré comme celui des Kings of Convenience. Le gars effleure à peine les cordes de sa guitare, sa voix est frêle pour ne pas dire faible et d’après le peu que j’arrive à en comprendre j’ai l’impression qu’il passe en revue les grands thèmes romantiques.
Ma curiosité un peu aiguisée par cette prestation toute en finesse, je décide d’enquêter sur cet homme à la guitare. J’apprends que le type en question est australien, vient de Melbourne et qu’il joue sous le nom de Grand Salvo. A la fin du concert, je discute avec lui et il m’explique, en vrac, qu’il s’appelle Paddy Mann, qu’il donne en ce moment quelques micro concerts à Berlin, qu’il projette de retourner à Melbourne et d’y enregistrer un nouvel album, que sur le disque précédent on retrouve les cordes dont on sentait qu’elles auraient bien trouvé leur place pendant ce concert, qu’il a déjà fait deux disques et qu’il connaît Sodastream avec qui il joue de temps en temps.
Pour tous les amateurs des Kings of Convenience ou des compositions romantiques telles qu’en écrit Maximilian Hecker, Grand Salvo vaudra bien une écoute (sur le site de son label un titre est en ligne) en attendant quelque chose de sûrement très bien pour l’éventuel prochain album.